Le Point

Le jeune domaine Lilian-Lad

La 5e Coupe des crus bourgeois a eu lieu le dimanche 14 juin au Château du Taillan, en partenaria­t avec Réjouissan­t.

- PAR JACQUES DUPONT ET OLIVIER BOMPAS

Le millésime 2012 fut vraiment une pochette-surprise : on en voit bien l’emballage sans imaginer ce qu’on va trouver dedans. Et, de l’extérieur, il n’annonçait rien de bon. Un début d’année sec et très froid et un déficit en précipitat­ions qui faisait augurer d’une nouvelle année de sécheresse. Puis, en avril, le déluge qui a provoqué un premier retard dans la croissance des bourgeons. Sauf lors d’un très court intermède en mai, la pluie n’a pas cessé jusque tard en juillet. Souvenez-vous des images du défilé du 14 Juillet et notre tout nouveau président stoïque sous les hallebarde­s !

Rien de bon non plus pour la vigne, dont la floraison fut perturbée fortement. Ensuite s’est installé un temps chaud et sec. Des températur­es élevées en août ont permis à la vigne de rattraper un peu son retard. Le mois de septembre s’est montré, lui aussi, favorable à la maturation des raisins. Du moins dans sa première quinzaine, car, peu à peu, les nuages ont de nouveau fait parler la pluie – qui n’a pas discontinu­é à partir du 25 septembre. Nul devin ne s’attendait à un millésime de grande qualité et pourtant… Les premières dégustatio­ns montraient des vins très fruités, plaisants mais qui pouvaient sembler un peu minces par rapport aux monstres de 2010 ou 2009. L’élevage leur a conféré de l’épaisseur sans pour autant gommer le fruit et la douceur des tanins. On se régale aujourd’hui avec ces 2012, qui rappellent les 2001 par leur fraîcheur et cette amabilité permanente.

Les trente dégustateu­rs réunis au Château du Taillan pour décerner la Coupe des crus bourgeois se sont donc régalés en goûtant au total près de 170 vins en provenance de toutes les zones du Médoc (appellatio­ns médoc, haut-médoc, moulis, listrac, margaux, saint-julien, pauillac, saint-estèphe…) afin de déterminer 12 lauréats et un seul vainqueur. Monde cruel qui oblige à choisir parmi douze apôtres du plaisir !

Cette année, voilà donc le Château Lilian-Ladouys triomphant et qui a la charge de veiller sur la Coupe jusqu’à la prochaine édition. Lilian-Ladouys, cru récent, domaine créé de toutes pièces par Christian Thiéblot, ancienne fortune de l’informatiq­ue, en ajoutant au lieu-dit Ladouys le prénom de son épouse. Il rachetait des parcelles, plus souvent des bouts de parcelle, parfois un rang ou deux seulement, à la toute fin des années 80, quand la vigne ne valait pas encore des fortunes à Saint-Estèphe.

Christian Thiéblot a cédé le domaine à Natexis en 1997, qui l’a revendu à son tour à Jacky Lorenzetti, fondateur du groupe Foncia, en septembre 2008. La gestion des domaines a été confiée à Emmanuel Cruse, copropriét­aire et directeur de Château d’Issan, cru classé en margaux. De nombreux échanges et rachats, une sorte de remembreme­nt privé, ont permis à Lilian-Ladouys de prospérer sur un terroir plus cohérent qu’à ses débuts et de gagner en qualité. L’an passé, le domaine avait terminé parmi les douze meilleurs. Cette année, le voilà le meilleur. Bravo !

 ??  ?? Fierté. Emmanuel Cruse, le régisseur du domaine Château Lilian-Ladouys, le 19 juin. L’an dernier, le domaine avait été classé 12e.
Fierté. Emmanuel Cruse, le régisseur du domaine Château Lilian-Ladouys, le 19 juin. L’an dernier, le domaine avait été classé 12e.

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