Armes lourdes, recrutement, propagande… Pourquoi le djihadisme 2.0 gagne du terrain.
Les conquêtes territoriales de l’Etat islamique feront date dans l’histoire du djihadisme. Sur le plan militaire, ce groupe a acquis une dimension que ceux qui l’ont précédé n’ont jamais approchée. La fameuse mouvance Al-Qaeda a beau avoir mené bien des actions spectaculaires, elle n’est jamais parvenue à se tailler un territoire d’une telle superficie ni à menacer des Etats dans leur existence même – ce que le groupe d’Abou Bakr al-Baghdadi est en passe de réussir en Syrie, en Irak et dans une moindre mesure en Libye.
La concrétisation des objectifs de guerre des djihadistes – construire un Etat doté de tous les attributs de la souveraineté, du territoire à la monnaie – est passée en premier lieu par l’acquisition des indispensables moyens militaires. D’abord dotés d’armements légers par des monarchies du Golfe, ils se sont ensuite servis dans les arsenaux syriens et irakiens abandonnés par les armées défaites. Chars, roquettes, artillerie lourde, véhicules tactiques : ils ne manquent de rien, sauf d’une force aérienne.
Mais, comme l’armée irakienne en fait la preuve tous les jours, le matériel n’est rien sans la volonté de le mettre en oeuvre. Selon JeanPierre Filiu, professeur à l’IEP de Paris : « Nos Etats ne comprennent rien à leur mode de fonctionnement. Au coeur de Daech, on trouve des vétérans aguerris par plus de dix ans d’insurrection antiaméricaine. L’un de ses hommes clés, le Franco-Tunisien Boubaker el-Hakim, est un chien de guerre. Ces hommes ont une expérience qui manque aux forces régulières qu’ils affrontent ! »
Une note confidentielle de l’armée française l’attestait il y a peu : « Daech est passé d’une stratégie d’attaques éclair de type guérilla à une capacité offensive qui lui permet de conquérir plus de territoire. » En fait, l’organisation mène