L’amour à la plage
Dépucelage et coquillages : « Un été 42 » est éternel.
Les dunes de Nantucket, les pommettes de Jennifer O’Neill, la ritournelle oscarisée de Michel Legrand et la fin de l’enfance… Grand succès au box-office de 1971, « Un été 42 » a marqué les rétines (et les oreilles) de toute une génération. Mais cette madeleine en Celluloïd existe aussi sous la forme d’un roman, conçu en même temps que le film par le scénariste Herman Raucher, qui s’est inspiré de ses souvenirs de vacances. Remercions donc La Belle Colère, éditeur qui se consacre à l’adolescence en littérature, d’avoir réédité ce bijou précurseur de la tendre nostalgie de « Stand by Me » comme des teen movies grivois à la « American Pie ». Alors que l’Amérique bataille dans le Pacifique, trois amis venus de Brooklyn se contentent de la guerre des boutons d’acné sur une île de la Nouvelle-Angleterre. Baptisés « le Trio infernal », Hermie, Oscy et Benjie trompent leur ennui estival grâce à Benny Goodman, aux marshmallows grillés, aux bagarres sur le sable et à un manuel d’anatomie sur les « douze étapes de la sexualité » , sésame pour de nouveaux territoires alléchants. Tandis que son acolyte Oscy entend passer à la pratique avec des filles de son âge, le rêveur Hermie est fasciné par une vraie femme, Dorothy, dont le mari est parti pour le front. Une déesse aux yeux émeraude apparemment inaccessible, mais qu’il va maladroitement courtiser du haut de ses 15 ans.
Tel un puissant ressac, cette éducation éroticosentimentale ramène le lecteur adulte vers les rives d’un âge où le romantisme éthéré cohabite tant