Le Point

« Un jour arriva au cap Nègre un président de la République »

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«Un

jour arriva au cap Nègre un président de la République. Il entra dans le salon, sortit sur la terrasse, admira le paysage et, comme nous devions passer à table pour le dîner, il s’assit naturellem­ent à la place qui avait été celle de mon mari et, ensuite, de mon fils. A sa droite sa Carla, à sa gauche Valeria, car celle-ci ne laissait à personne sa place, pour aucun motif. En face, moi, à côté de ma soeur. Je me demandai, à ce moment-là : si Virginio avait été là, lui aurait-il cédé sa place ? Virginio avait habité la plupart du temps au cap, il y avait tout géré et restauré, il se sentait le “patron” à la place de son père. Et s’il y avait eu encore Alberto ? Mais le problème, malheureus­ement, ne se posant plus, notre dîner commença dans la plus grande décontract­ion. Le président était heureux, il avait fait sienne cette famille de quatre femmes (…). On voyait qu’il aimait ces quatre Italiennes et qu’il ne pouvait absolument pas devenir arbitre ; et alors il écoutait, sans prendre part, légèrement allongé dans son fauteuil, en fumant son cigare.

Il était arrivé avec beaucoup de valises. Il avait tout ce qui pouvait lui servir pendant ce mois de vacances, du maillot de bain à l’équipement sportif et jusqu’au smoking. A part le problème du rangement, dans une maison qui n’a pas de dressing infini, il avait raison, car après quelques jours il dut sortir son costume noir pour se rendre à l’enterremen­t d’Aimé Césaire à la Guadeloupe. Quand il rentra, après avoir fait son discours funèbre, devant la masse de socialiste­s qui s’y étaient rendus, il me dit : “Je sentais derrière moi une immense vague de haine.”

Depuis son arrivée, la vie du cap avait un autre rythme. Nous sortions par le portail, on nous filmait ; nous rentrions, idem. Quand nous allions sur les rochers, comme par magie sortaient des policiers pour nous protéger, et dès qu’on était dans l’eau une flotte de Zodiac nous entourait. Mais lui, le président de la République, était à son aise. Il aimait la vie familiale, il avait invité ses enfants, sa mère, ses frères. J’ai toujours pensé que, peut-être à cause de ses origines hongroises et grecques, il était un peu comme nous, les Napolitain­s. S’il avait eu une grande roulotte, il nous aurait tous entassés dedans. Tout était mélangé : son goûter de fromage pendant qu’il appelait Barack, Vladimir ou Angela… »

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Hôte. 16 décembre 2009. Marisa est reçue à l’Elysée par son gendre, Nicolas Sarkozy, et sa fille Carla.

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