DISPARITION CANAL+ ET G7 PLEURENT ANDRÉ ROUSSELET
André Rousselet s’est éteint dimanche 29 mai, à 93 ans. Cet homme endossa de nombreux costumes, celui de député, de sous-préfet, de directeur de cabinet du président François Mitterrand, et même d’exécuteur testamentaire du chef de l’Etat socialiste. Il fut aussi et surtout un entrepreneur doué, avec la reprise, en 1960, de la modeste compagnie de taxis G7 (alors 2 000 voitures, réparties dans 7 garages parisiens), puis sa transformation en un groupe de 8 000 chauffeurs affiliés, pesant plus de 300 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2014. André Rousselet restera aussi dans l’Histoire comme le créateur de la première chaîne cryptée française, Canal+, en novembre 1984. L’homme d’affaires, qui pointe avec sa famille au 282e rang des fortunes professionnelles recensées par Challenges, laisse ces deux entreprises orphelines, à un moment où leur modèle économique est attaqué de toutes parts. Dans le cas de Canal+, dont Rousselet avait été évincé en 1994 et qui est désormais aux mains de Vincent Bolloré, la chaîne, centrée sur le cinéma et le sport, est mise à mal par la concurrence de BeIN Sport et par les plateformes de vidéo à la demande comme Netflix. En France, les abonnements ne cessent de reculer, s’établissant à 8,2 millions à la fin mars, en baisse de 183 000 sur trois mois… Quant à l’empire des taxis G7, extrêmement rentable, qui est toujours dans le giron de la famille Rousselet, il est, lui aussi, confronté à une révolution, celle des véhicules de tourisme avec chauffeur, autorisés en France par une loi en 2009. Le PDG Nicolas Rousselet – fils d’André – se bat contre l’arrivée des nouveaux venus issus du monde du numérique, les Uber, Chauffeur-privé ou Le Cab. La partie s’annonce difficile à gagner…