Tim Burton : « Je pourrais faire de Donald Trump un de mes personnages »
Burton semble néanmoins déconnecté de ces considérations. Le business, ce n’est pas son affaire. Artiste jusqu’au bout des ongles, il considère le monde qui l’entoure d’un oeil rêveur. Même Trump, c’est dire…
Le Point : Disney prépare 14 réadaptations de ses dessins animés en film avec acteurs réels. Est-ce pour rester compétitif à Hollywood que vous avez fait la suite d’« Alice » ? Tim Burton :
Je n’ai jamais considéré les choses de cette manière. Regardez ce que font les enfants quand ils dessinent, c’est très juste, très fort en termes de subconscient. Quand on avance dans le cycle de la vie, on ne se contente pas de revisiter, car ce qu’on a fait par le passé ne nous abandonne pas…
Peut-on parler de « franchise » d’« Alice » ?
J’ai commencé à faire des films avant que le mot n’existe. Il n’a pas beaucoup de sens pour moi. Quand je fais des films, je ne calcule pas si ça va devenir une franchise comme les Happy Meal chez McDo ! Mais c’est ce qui se passe… Quand j’ai fait « Batman », en 1989, je ne me suis pas dit que les super-héros allaient devenir un cycle, mais le cycle continue, et j’imagine que des spectateurs s’en lassent déjà, d’ailleurs.
Certaines réadaptations de contes copient votre esthétique cinématographique. Ça vous énerve ?
Ça arrive souvent. Je ne sais pas quoi faire. J’ai l’impression qu’on me dérobe mon âme. J’essaie de ne pas trop y penser, car je ne peux pas y faire grandchose. Et puis ce n’est pas dramatique, c’est seulement comme une lente succion…
Vos films sont déconnectés de la réalité. Vous intéressez-vous à ce qui se passe dans le monde ?
C’est une question de point de vue, car quand je lis les informations, en particulier la politique, le monde réel me semble être le produit d’une culture extraterrestre ! Surtout l’Amérique et sa politique. Je ne sais pas si ce que je regarde est réel ou si c’est de la téléréalité ! Je pense que je pourrais faire de Donald Trump un de mes personnages, une sorte d’animal étrange avec une coupe de cheveux simi
laire. Oui, je pourrais dessiner quelque chose.
De nombreux artistes anglais se sont engagés contre le Brexit. Vous vivez à Londres depuis des années, ce débat vous touche ?
J’ai été un étranger toute ma vie. J’ai été un étranger dans mon propre pays [les EtatsUnis]. Ils [les Anglais] devraient construire un vaisseau spatial, le lancer dans l’espace et comme ça ils seraient complètement seuls ! « Alice de l’autre côté du miroir », en salles.