Le Point

Un oeil écouté

Costamagna fait partie du club très fermé des experts recherchés de Londres à Tokyo pour authentifi­er les oeuvres. Il raconte.

- PAR MARC LAMBRON, DE L’ACADÉMIE FRANÇAISE

claires. Cela ne l’intéresse pas vraiment. » Celui qui a écrit pour Rivarol et L’Humanité n’a rien d’un idéologue. « La gauche me croit de droite, la droite me croit de gauche » , affirme-t-il lors d’une interview télévisée menée par Gainsbourg en 1989. Avec le chanteur, il partage une aura de grand seigneur infréquent­able. C’est peut-être l’une des clés de son succès : il incarne une époque où la légèreté semblait encore permise. Il a soigneusem­ent contribué à forger sa propre légende, par exemple dans « Monsieur Jadis », où il fait figure de pionnier de l’autofictio­n. Blondin est de ces écrivains qui ont fait d’eux-mêmes l’un de leurs meilleurs personnage­s. Celui qui professait que « l’argent liquide est fait pour être bu » est entré dans la mythologie de Saint-Germain-des-Prés comme flamboyant pilier de bar et fauteur de scandales. « Il se permettait des choses qui seraient inimaginab­les aujourd’hui », explique Alain Cresciucci. Il n’était

Né à Nice en 1959, Philippe Costamagna est l’actuel directeur du musée Fesch d’Ajaccio. Expert renommé de la peinture italienne du XVIe siècle, il consacre un ouvrage aussi érudit que plaisant à ceux qu’il baptise les « oeils », osant ce néologisme comme l’on évoque les « nez » en parfumerie. OEil émérite lui-même, il a choisi un angle d’attaque ingénieux : c’est en se traitant comme spécimen qu’il explore les states psychiques de cette corporatio­n qui rassemble les maîtres truffiers de la cimaise. Dans son cas, l’histoire personnell­e conduit à l’invention d’une expertise : un arrière-grand-père médecin de Renoir, une enfance fascinée par la découverte des châteaux, le choc de l’exposition André Malraux de 1973 à la Fondation Maeght, un cursus à l’Ecole

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