Le Point

Un nouveau monstre bureaucrat­ique

La loi Sapin 2 devait lutter contre la corruption. Elle s’avère dévastatri­ce pour les entreprise­s.

- Par Nicolas Baverez

La

démocratie meurt de la démagogie et du mensonge. Elle est en danger quand les mots jurent avec les choses. Ce grand écart se trouve au coeur des deux lois phares de la dernière année du quinquenna­t de François Hollande. La modernisat­ion du marché du travail que portait à l’origine la loi El Khomri est mort-née. Son objectif consistait à libérer les embauches afin de lutter contre la scandaleus­e exception française du chômage permanent qui touche plus de 5,6 millions de personnes. Son contenu a été perverti pour ne plus conserver que la création d’une ruineuse usine à gaz avec le compte personnel d’activité.

La modernisat­ion de la vie économique que poursuit la loi Sapin 2 se trouve elle aussi détournée de son objet. Elle devait très légitimeme­nt lutter contre la corruption. Elle a été transformé­e en un carcan d’obligation­s dissuasive­s qui achèvera de ruiner la compétitiv­ité et l’attractivi­té de la France.

La loi Sapin 2 devait combler le retard pris par la France dans l’applicatio­n des normes en matière de lutte contre la corruption et mettre notre pays au niveau des législatio­ns FCPA aux Etats-Unis et UK Bribery Act au Royaume-Uni. La création d’un délit de trafic d’influence d’agent public étranger répond ainsi aux critiques de l’OCDE sur la faiblesse des sanctions réprimant la corruption d’élus ou de fonctionna­ires d’autres Etats. Mais la loi Sapin 2 va très au-delà, en créant un nouveau monstre bureaucrat­ique qui n’a pas d’ équivalent dans le monde développé.

Tout d’abord est instaurée une obligation de prévention des risques de corruption pour toutes les entreprise­s de plus de 500 salariés ou dont le chiffre d’affaires est supérieur à 100 millions d’euros. Elles devront se doter d’un code de conduite, d’un dispositif d’alerte, de procédures de vérificati­on des clients, de contrôles comptables ainsi que de formations pour leurs cadres.

Le pivot du dispositif est constitué par une Agence nationale de prévention et de détection de la corruption. Pour cela, elle dispose de compétence­s très étendues, qui incluent le droit de se faire communique­r des informatio­ns sur les décisions de justice mais aussi sur les procédures en cours, ainsi que d’un pouvoir de sanction (jusqu’à 200 000 euros d’amendes pour

Un carcan d’obligation­s dissuasive­s qui achèvera de ruiner la compétitiv­ité et l’attractivi­té de la France.

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