Le Point

L’université millénaire se veut la voix d’un islam éclairé. Mais l’enceinte est aussi touchée par le salafisme. Reportage.

- DE NOTRE ENVOYÉ SPÉCIAL AU CAIRE, ARMIN AREFI

Une poignée de badauds s’affairent devant le Bataclan, à Paris. Trois photograph­es, une équipe de tournage de la chaîne de télévision catholique Kto et un élu du quartier attendent impatiemme­nt devant la salle de concert. Enfin, un cortège de berlines noires pile. Un homme en djellaba grise apparaît sur le trottoir. Il porte sur la tête un tarbouch rouge cerclé de blanc, marque des « azharites », les diplômés de la prestigieu­se université islamique du Caire. Peu entouré, l’imam à la fine barbe grise s’approche lentement de l’échafaudag­e qui sert de devanture au lieu du drame. Après avoir déposé une gerbe de fleurs, le cheikh Al-Tayeb lit à haute voix un message : « Je suis venu ici pour m’adresser à vous tous et vous affirmer, au nom de l’islam, que verser le sang de tout être est interdit. » La lettre est déposée au milieu du bouquet. Interrogé par les quelques journalist­es présents, le religieux assure être « prêt à aller n’importe où pour affirmer que ce qui s’est passé ici n’a rien à voir avec l’islam et ne représente pas les musulmans ». Il s’en retourne dans sa berline aussi discrèteme­nt qu’il était arrivé.

Après avoir rencontré le pape François au Vatican, puis François Hollande à Paris, le grand imam d’Al-Azhar, souvent considéré comme la plus haute autorité de l’islam sunnite dans le monde, ambitionne d’apparaître comme le nouveau leader du monde musulman. « Il n’y a que la légitimité mondiale qui compte pour lui , glisse un observateu­r qui le côtoie régulièrem­ent. En se faisant prendre en photo au Vatican, il veut se présenter comme le pape de l’islam et assurer une position

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