Valéry Giscard d’Estaing : « Ecartons les rabougris ! Et parions sur la prochaine génération »
Le Point : Le Brexit est-il une tragédie ? Valéry Giscard d’Estaing :
C’est une décision aussi absurde que le rejet par référendum du projet de Constitution européenne par la France et les PaysBas en 2005. Aussi devons-nous rester modestes dans nos jugements ! Il s’agit d’un événement sérieux, qu’on doit prendre avec calme. Sérieux, car la Grande-Bretagne est l’un des grands pays européens dont le rayonnement international et ses liens, tant avec les Etats-Unis qu’avec le Canada et l’Australie, sont importants. C’est un événement qui n’a pas été prévu par David Cameron et les conservateurs proches de lui. Au moment où ce référendum a été envisagé, personne n’avait perçu le danger. Mais la majorité s’est inversée et le pari a été perdu, en dépit du soutien des travaillistes…
Quelles en sont, selon vous, les causes ?
La Grande-Bretagne n’a jamais voulu faire partie de l’Europe politique et a refusé d’adopter l’euro ! Elle n’aspire qu’au grand marché européen ! La Commission de Bruxelles l’a harcelée de réglementations diverses, tout comme nous, d’ailleurs. Elle impose tant de directives, en raison du nombre de ses commissaires, qu’elle a donné le sentiment au peuple britannique que le pouvoir politique se déplaçait vers le continent au détriment de sa souveraineté nationale. Enfin, le référendum a été déclenché avant que la crise migratoire ne prenne son ampleur. Le Brexit traduit un double mécontentement : il est la conséquence d’un sentiment d’envahissement technocratique et d’une ingérence dans la politique nationale d’immigration.
Pensez-vous que l’ouverture d’Angela Merkel vis-à-vis des migrants a pu avoir une part de responsabilité dans le Brexit ?
Assurément, mais aussi l’Europe, qui a pris VALÉRY GISCARD D’ESTAING l’initiative de décider comment on allait répartir les migrants entre les Etats membres ! Ce qui me laisse penser que ce phénomène de rejet se produit sous d’autres formes dans d’autres pays.
Quelles relations devons-nous instaurer désormais avec les Britanniques ?
Il faut revenir à ce qui existait déjà après le