En attendant le retour d’Homo oeconomicus
Les piteux chiffres de l’économie française publiés dernièrement sont passés quasi inaperçus.
Il faut faire un gros effort, en ce moment, pour continuer à s’intéresser, comme si de rien n’était, à l’actualité économique. Pour commenter, entre deux attentats, les statistiques du PIB, s’inquiéter du ralentissement de la consommation des ménages ou s’alarmer du repli des investissements. C’est dans l’indifférence générale qu’après cinq mois de vociférations, de grèves, de manifestations et de pétitions la loi Travail a été adoptée le 21 juillet dans une France encore sous le choc de la tuerie, une semaine auparavant, de la Promenade des Anglais.
D’habitude guettés avec impatience et analysés dans les moindres détails, les chiffres du chômage en France au mois de juin (+ 5 400 demandeurs d’emploi), publiés quelques heures seulement après l’attentat dans l’église de Saint-Etienne-duRouvray, sont quant à eux passés totalement inaperçus.
Enfin, trois jours plus tard, les journaux télévisés n’ont accordé qu’une toute petite place à l’annonce d’une croissance nulle au deuxième trimestre, une importante et très mauvaise nouvelle, occultée par les reportages consacrés aux hommages, dans toute la France, au prêtre assassiné.
Daech n’a pas seulement gagné la bataille médiatique, il a aussi remporté celle de l’opinion publique en reléguant les questions économiques au deuxième rang des préoccupations des Français. Selon un sondage pour le site Atlantico, la lutte contre le terrorisme est devenue, pour la première fois, un sujet plus important que la lutte contre le chômage (67 % contre 60 %).
Les attentats sont également en passe de bouleverser le jeu électoral traditionnel, qui veut que, depuis trente ans, dans les démocraties occidentales, les enjeux économiques décident du résultat des grands scrutins nationaux. En obéissant à la
Les candidats à la présidentielle « économistes » auront du mal à lutter avec les candidats « sécuritaires ».