Le Point

L’été engourdit notre libido

A priori, le lâcher-prise des vacances est favorable à la natalité. Pas si simple !

- Par Jean-François Bouvet

S ea,

sex and sun, on connaît la musique. Elle nous fait voir la vie en tenue légère, sur fond de ciel bleu et de mer – sous le soleil exactement, comme dit une autre chanson de Gainsbourg. Un soleil dont les rayons ne sont pas étrangers à notre appétence pour la bagatelle. On sait en effet que la lumière augmente le taux cérébral de sérotonine, un neurotrans­metteur – substance de communicat­ion émise par des neurones – qui a des effets bénéfiques sur notre humeur en chassant la dépression, ennemie de la libido. On sait aussi, l’imagerie cérébrale le montre, que le désir sexuel exige pour émerger la levée d’inhibition­s exercées par des zones corticales de notre cerveau. A priori, le lâcher-prise des vacances ne saurait être que favorable à celui de l’organe pensant. D’autant que peaux dorées, chaudes soirées et rythmes endiablés sont là pour titiller nos neurones, et plus si affinités.

Mais quid de la testostéro­ne, cette hormone du désir sexuel chez la femme comme chez l’homme ? Sécrétée par les testicules et en plus faible quantité par les ovaires, elle l’est aussi, chez les deux sexes, par les glandes corticosur­rénales. Hors circonstan­ces particuliè­res – la paternité fait chuter le taux de testostéro­ne de l’heureux père –, les dosages mettent en évidence des fluctuatio­ns saisonnièr­es du taux salivaire de cette hormone que le French kiss permet d’échanger. Avec un pic estival ? Pas du tout. Une étude publiée en 2011 montre que, tant chez l’homme que chez la femme, le maximum de testostéro­ne se situe à l’automne et le minimum… en été. Le bell’uomo croisé sur la plage n’est pas au mieux de sa forme hormonale. Et, côté concentrat­ion du sperme en spermatozo­ïdes, c’est carrément la débandade : quelque 30 % de moins en été qu’en hiver. L’Homo sapiens mâle est plus fertile sous la couette que sur le sable. Pas trop chaude, la couette : les testicules n’aiment pas la chaleur, encore moins la canicule – d’où l’intérêt de leur descente avant la naissance dans une poche externe où ils échappent à la touffeur de l’abdomen.

Reste la question de savoir en quelle saison nos compatriot­es conçoivent le plus d’enfants. Dans un article de janvier 2011, intitulé « Y a-t-il une saison pour faire des enfants ? », l’Institut national d’études démographi­ques se penche sur la question. Les auteurs de l’étude notent un pic de naissances au début de l’automne, le 23 septembre exactement – ce qui, en comptant à rebours, nous ramène à la Saint-Sylvestre. Les conception­s du Nouvel An sont nettement plus nombreuses qu’un autre jour de l’année ; elles sont à l’origine d’un surplus de naissances, mais aussi d’avortement­s : trois fois plus d’IVG dans la période suivant les festivités.

Il semble donc qu’après les douze coups de minuit et les plaisirs de la chère, les Français s’adonnent volontiers à ceux de la chair. Et que davantage d’enfants soient conçus dans les vapeurs de champagne du réveillon qu’après les mojitos sur la plage

Côté concentrat­ion du sperme en spermatozo­ïdes, c’est carrément la débandade : quelque 30 % de moins en été qu’en hiver.

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