L’incroyable Mme Trump
First Lady potentielle, l’ex-top-model s’est transformée en épouse discrète pour mieux se consacrer à la campagne de son « Donald ».
«S exe à 30 000 pieds », proclame la photo. Debout sur l’aile du Boeing de son cher et tendre, Melania Trump, la prétendante au poste de prochaine First Lady, pose en string rouge sang et bottes de cuir, un pistolet argenté à la main. C’était il y a quinze ans, une série de clichés pour le magazine GQ inspirés des aventures de James Bond. A 46 ans, l’ex-mannequin slovène a toujours ce petit côté espionne venue du froid : l’accent aux R roulés, la beauté impénétrable, l’air glacial… On l’imagine sans peine vous embrocher l’orteil d’un coup de Louboutin si vous lui marchez sur le pied. Comme les James Bond Girls, elle semble surtout avoir pour mission de mettre en valeur Donald 007. En un an de campagne, on l’a à peine vue et encore moins entendue. Elle se contente de jouer les gravures de mode, toujours à deux pas derrière son mari, raide et impassible, avec cette manière étrange qu’elle a de plisser ses yeux en amande comme si elle était affligée d’une myopie tenace. « On dit que je suis très timide, mais ce n’est pas vrai, pas du tout. Je sais quand il est temps de parler ou pas, je ne suis pas quelqu’un qui saute sur le devant de la scène et veut être sous les projecteurs », confiait Melania il y a quelques années.
Election oblige, Melania Trump est descendue ces derniers temps du 66e étage de son triplex newyorkais pour s’adresser notam- ment à la Convention républicaine. Son discours a fait beaucoup de bruit, non pour son éloquence cicéronienne, mais parce qu’il plagiait en partie une allocution de Michelle Obama. Elle a aussi donné quelques interviews. N’espérez pas des révélations bouleversantes, c’est d’un vide absolu. Elle boit du café, mais pas celui de Starbucks, qui a pourtant un magasin dans le hall de la Trump Tower ; elle suit les infos « de A à Z », range dans son placard ses vêtements et ses chaussures par couleurs et est très casanière. Melania Trump n’aime pas les mondanités et préfère rester à la maison, ou plutôt dans ses maisons Mar-a-Lago, la fabuleuse propriété de Floride, et son mini-Versailles sur la 5e Avenue, à New York, avec fontaine en marbre et galerie des glaces conçu, par « le même décorateur que celui de Saddam Hussein », selon la description d’un comique.
Si elle participe à quelques fondations caritatives, sa principale activité est de s’occuper de Barron, son fils unique de 10 ans. Elle l’accompagne à l’école, assiste à ses matchs de base-ball… Le « petit Donald », comme elle le surnomme, n’est pas un « gamin à survet’ », il préfère les costumes. Sur le modèle de son père et de sa célèbre formule « vous êtes viré » dans son émission de téléréalité, « il congédie les nounous, les femmes de chambre. Et c’est si mignon ! Et puis il les réembauche », raconte-t-elle. Le 3e étage du triplex est son royaume, il peut y faire ce qu’il veut. Y compris barbouiller les murs. « Si vous dites à un enfant “non, non, non”, comment va-t-il exprimer sa créativité ? » explique sa maman. Après tout, il est si facile de passer un coup de peinture…
Bling-bling. Melania-mère-aufoyer n’est pas tout à fait l’image colportée par ses détracteurs. Si Trump est élu, elle sera la première First Lady à avoir posé nue avec des menottes sur une peau d’ours, ce que n’a pas manqué de rappeler obligeamment le rival Ted Cruz lors des primaires. Elle est peut-être plus olé-olé que Mamie Eisenhower ou Barbara Bush, mais ses proches la décrivent comme une maman attentionnée, polie, calme. Même Liz Smith, la grande chroniqueuse de potins, n’a que des compliments à la bouche : « Elle est très très sympathique. » « Charmante », renchérit le photographe Michel Leroy, qui l’a croisée lors d’une séance de photos. Il a en revanche beaucoup moins aimé son personnel, qui veut tout régenter. « J’ai photographié d’autres célébrités, mais la manière dont Melania est protégée par sa garde rapprochée est unique.