« Jason Bourne : l’héritage », de Tony Gilroy
Craignant de perdre les droits d’adaptation, les studios Universal tentent de transformer Jason Bourne en franchise avec un Jeremy Renner façon Matt Damon dans le rôle-titre. Echec critique et public (276 millions de recettes).
gadgets, beaucoup plus tête brûlée, beaucoup plus torturé. Le rythme s’est accéléré. De façon générale, on n’a jamais vu les héros courir autant. Si vous regardez les affiches, ils sont toujours en marche. Alors qu’on n’avait jamais vu Roger Moore courir ! »
Respecté… et un peu dépassé. On pourra arguer de la modernisation réelle ou pas de James Bond (du propre aveu de Craig, 007 reste un « misogyne réactionnaire » ), mais le fait est que Jason Bourne, qui revient dans les salles obscures neuf ans après « La vengeance dans la peau », n’a aujourd’hui plus rien d’un outsider. Son héritage a si bien été intégré et digéré par le cinéma contemporain qu’il pourrait même faire figure d’aïeul respecté… et un peu dépassé. Déjà, la « mode bournienne » est en train de faiblir. Bond flirte à nouveau avec les gadgets et l’humour d’antan, et le public se précipite vers les films d’espionnage parodiques façon « Kingsman ». « On a eu dix années d’espions et de superhéros très sérieux, les gens sont prêts à passer à autre chose, surtout que le monde réel est maintenant très sombre » , nous confiait justement son réalisateur, Matthew Vaughn. Matt Damon en est conscient, mais veut croire qu’il reste encore assez d’énergie à la saga pour être pertinente. « Dans “La vengeance dans la peau”, on parlait de la guerre contre le terrorisme et on a placé les trois scènes principales à Londres, Madrid et New York, parce qu’à l’époque c’étaient les lieux directement touchés par le terrorisme, expose-t-il. Cette fois, nous sommes dans un monde postmoderne, post-crise financière et post-crise des réfugiés. Nous commençons donc sur la frontière gréco-macédonienne et allons à Athènes pour une manifestation anti-austérité, puis nous traversons Londres et nous finissons dans les égouts sous Las Vegas, dans un combat à mort sur les débris du capitalisme contemporain. » Et si tout ça ne suffit pas ? « J’imagine que le studio relancera la franchise de zéro avec un autre acteur et tentera de la faire davantage ressembler à James Bond pour qu’elle puisse durer plus longtemps. » Toujours aussi réaliste, ce Jason…