Le retour du fou des mots
Recueil. Sur la troisième de couverture orange de cet élégant recueil est imprimée une phrase magnifique de Jorge Luis Borges : « Me sera-t-il permis de répéter que la bibliothèque de mon père a été le fait capital de ma vie ? La vérité est que je n’en suis jamais sorti. » François Kasbi, lui non plus, n’en est jamais sorti. Ce fou de mots ne vit que pour et par les livres. Il est de la famille des Maurice Nadeau, Pierre Dumayet, Max-Pol Fouchet et autres Patrice Delbourg. Ce supplément, paru en 2011, à son bréviaire de littérature (2008), est augmenté de trois nouveaux textes charmants et enlevés autour de Stendhal, André Fraigneau et Roger Nimier. Ainsi, de Fraigneau, Kasbi écrit : « A son propos, on
évoqua l’élégance et le raffinement, la distinction et la race, un tempérament altier et une sensibilité exquise, une aristocratie native et une érudition gourmande, une allégresse contagieuse et une liberté insigne, un style limpide et un panache souverain, enfin, une civilisation qui consonnait avec la gratitude, la fidélité et l’amitié. » Comme tout ceci est bien dit… Mais rappeler à Kasbi qu’on ne saurait oublier que Fraigneau, en 1941, accompagna Chardonne, Jouhandeau, Drieu la Rochelle, Brasillach, Fernandez, Bonnard en Allemagne sur invitation de Goebbels. Le dandysme littéraire n’excuse pas tout. Relire néanmoins Fraigneau et lire absolument Kasbi
« Supplément inactuel avec codicille intempestif au bréviaire capricieux de littérature contemporaine pour lecteurs déconcertés, désorientés, désemparés », de François Kasbi (Les Billets de la bibliothèque, 178 p., 14 €).