A Gassin, un jardin très secret
Il y a quarante-trois ans, Germaine l’HardyDenonain transformait une friche en petit paradis botanique.
Trouver son entrée est déjà un pari hasardeux. A Gassin, sur la place dei Barri, il faut avoir l’oeil pour repérer le portillon en fer forgé caché entre deux micocouliers. Puis il faut oser passer le pas et s’aventurer sur le sentier pentu et broussailleux qui mène à ce coin de paradis. En cheminant le long de la première restanque, on finit par trouver Marie-Thèrèse. Affairée à sa correspondance à l’ombre d’un arbre, elle a un air de dame anglaise d’un autre temps. Marie-Thérèse l’Hardy-Halos a hérité de sa belle-mère, Germaine l’Hardy-Denonain, ce drôle de jardin botanique caché sur les berges boisées de Gassin. Mais aussi de l’esprit nécessaire pour en saisir la subtilité et de l’énergie pour en assurer la sauvegarde.
Pour percer les mystères de ce petit trésor suspendu dans le temps, les explications de Marie-Thérèse sont les bienvenues. A ceux qui prendraient ombrage du désordre apparent des lieux, des feuilles mortes oubliées dans les sentiers ou des herbes folles qui dansent au milieu des nobles collections, elle prévient : « C’est un négligé maîtrisé ! » et cite le célèbre jardin du Rayol voisin : « Les feuilles restent, elles tiennent l’humidité et enrichissent la terre. »
Germaine l’Hardy-Denonain a récupéré en 1973 cet espace de 2 500 mètres carrés en pente raide sous le petit rempart de Gassin. « C’était une friche plantée d’arbres centenaires, chênes-lièges et mûriers qui servaient à nourrir les vers à soie. » En haut du jardin, deux cabanons, qui servent aujourd’hui d’abris de jardin, rappellent qu’autrefois étaient logés ici poules et cochons. Germaine, un peu artiste, a eu l’idée d’y planter des essences méditerranéennes, une véritable collection répertoriée par plus de six cents étiquettes, toutes calligraphiées, avec déjà l’idée de laisser la nature reine. Il y a la serpentaire commune et sa gueule rouge, le cyclamen napolitain avec ses clochettes, la grande agave, la sternbergia lutea, la pâquerette d’automne ( bellis sylvestris), la luzerne d’Arabie, qui n’hésite pas à étouffer les autres espèces de trèfle… et de fiers cyprès de Provence presque quadragénaires. On comprend