Le Point

A Gassin, un jardin très secret

Il y a quarante-trois ans, Germaine l’HardyDenon­ain transforma­it une friche en petit paradis botanique.

- PAR CATHERINE LAGRANGE

Trouver son entrée est déjà un pari hasardeux. A Gassin, sur la place dei Barri, il faut avoir l’oeil pour repérer le portillon en fer forgé caché entre deux micocoulie­rs. Puis il faut oser passer le pas et s’aventurer sur le sentier pentu et broussaill­eux qui mène à ce coin de paradis. En cheminant le long de la première restanque, on finit par trouver Marie-Thèrèse. Affairée à sa correspond­ance à l’ombre d’un arbre, elle a un air de dame anglaise d’un autre temps. Marie-Thérèse l’Hardy-Halos a hérité de sa belle-mère, Germaine l’Hardy-Denonain, ce drôle de jardin botanique caché sur les berges boisées de Gassin. Mais aussi de l’esprit nécessaire pour en saisir la subtilité et de l’énergie pour en assurer la sauvegarde.

Pour percer les mystères de ce petit trésor suspendu dans le temps, les explicatio­ns de Marie-Thérèse sont les bienvenues. A ceux qui prendraien­t ombrage du désordre apparent des lieux, des feuilles mortes oubliées dans les sentiers ou des herbes folles qui dansent au milieu des nobles collection­s, elle prévient : « C’est un négligé maîtrisé ! » et cite le célèbre jardin du Rayol voisin : « Les feuilles restent, elles tiennent l’humidité et enrichisse­nt la terre. »

Germaine l’Hardy-Denonain a récupéré en 1973 cet espace de 2 500 mètres carrés en pente raide sous le petit rempart de Gassin. « C’était une friche plantée d’arbres centenaire­s, chênes-lièges et mûriers qui servaient à nourrir les vers à soie. » En haut du jardin, deux cabanons, qui servent aujourd’hui d’abris de jardin, rappellent qu’autrefois étaient logés ici poules et cochons. Germaine, un peu artiste, a eu l’idée d’y planter des essences méditerran­éennes, une véritable collection répertorié­e par plus de six cents étiquettes, toutes calligraph­iées, avec déjà l’idée de laisser la nature reine. Il y a la serpentair­e commune et sa gueule rouge, le cyclamen napolitain avec ses clochettes, la grande agave, la sternbergi­a lutea, la pâquerette d’automne ( bellis sylvestris), la luzerne d’Arabie, qui n’hésite pas à étouffer les autres espèces de trèfle… et de fiers cyprès de Provence presque quadragéna­ires. On comprend

 ??  ?? Restanque. Des hauteurs de Gassin, où s’épanouit le jardin Germaine-l’HardyDenon­ain, la vue sur le golfe de Saint-Tropez est unique.
Restanque. Des hauteurs de Gassin, où s’épanouit le jardin Germaine-l’HardyDenon­ain, la vue sur le golfe de Saint-Tropez est unique.

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