Un marché florissant
Le secteur de la sécurité – des convoyeurs de fonds jusqu’à à la surveillance des frontières par radars – est en pleine expansion. Les experts du secteur estiment à 600 milliards d’euros le chiffre d’affaires du marché dans le monde (hors investissements militaires), avec une croissance annuelle de 5%. est d’ailleurs devenue son principal client avec le ministère de la Sécurité, le bras sécuritaire d’un Parti obsédé par la « stabilité » sociale. Cette connivence est la clé du succès d’Anhua à l’international. Car elle lui permet d’obtenir sans coup férir le certificat des autorités de Pékin, sésame obligatoire pour exporter sa marchandise controversée. Un véritable atout face à la concurrence des 130 entreprises chinoises qui ont gagné, depuis une décennie, une part majeure dans le marché mondial de la répression.
Jeu d’enfant. Contourner les règles internationales en décrochant ces fameux certificats d’exportation semble un jeu d’enfant, comme le confirme notre visite au Salon de l’équipement de police organisé à Wuhan. La foule d’acheteurs potentiels se presse entre les stands proposant boucliers antiémeute et véhicules grillagés rutilants au milieu de mascottes en uniforme. Nous faisons partie des rares visiteurs étrangers de cet événement annuel organisé dans la métropole automobile, où Peugeot et Renault ont installé leurs usines. Sur un stand, les palabres s’engagent. Un commerçant prend un air entendu pour nous proposer un « arrangement » afin d’obtenir le précieux sésame moyennant quelques grosses liasses de billets rouges à l’effigie charnue du Grand Timonier. « Appelez-moi » , dit l’homme en nous laissant sa carte.
L’heure du déjeuner approche. Le président Ma nous entraîne vers une salle privée, où des fruits de mer et un poisson ruisselant nous sont servis sur une immense table ronde à plateau tournant. « Nous avons de nombreux clients français » , souligne notre hôte pour emporter le morceau… « Nous allons réfléchir et revenir vers vous » , ajouterai-je poliment en avalant la dernière bouchée. La Mazda démarre dans les rues crasseuses de Jingjiang. Direction la gare et, plus loin, les lumières scintillantes du Bund. Retour dans la vitrine de la deuxième puissance mondiale. Depuis, le téléphone sonne régulièrement. M. Ma nous attend pour conclure