« The Onion », humour rock thérapeutique
Enregistrées dans le froid genevois et la chaleur newyorkaise, les onze petites nouvelles chantées du second album de Lail Arad sont issues des notes qu’elle griffonne en permanence dans son journal (en particulier dans les trains), comme une catharsis. Un nouvel album plus brut, moins produit, avec une énergie blues et des textes astucieux, dans la tradition des grands songwriters américains.
Quand j’étais petit, mon frère Atar, qui a six ans de plus que moi, jouait du violon. Alors, on s’est partagé le monde en deux : la musique pour lui, l’art visuel pour moi. Il est devenu violoniste classique et moi designer. Mes parents étaient artistes et mon père organisait des quatuors chez nous, à Tel-Aviv. J’ai voulu apprendre à jouer, mais ma mère a refusé. « Trouve-toi un autre instrument, je ne veux pas que tu grandisses dans l’ombre de ton frère », m’a-t-elle dit. Du coup, je me suis mis à la guitare, et j’ai joué du folk et du blues. Moi j’étais beatnik, lui était classique. Je garde mes ongles longs en souvenir de cette époque. [Il rit, en montrant ses mains.]
Les années 60, c’est l’âge d’or des paroliers. J’ai toujours écouté la même musique que mon père. A 11 ans déjà, j’étais hippie et fan de Joni Mitchell.
Je me souviens surtout de l’époque où tu as cru que tu étais noire !
R. A. : L. A. : R. A. :
L’ombre du père, ça ne vous a pas paralysée ? L. A. :
Il n’y a que des artistes dans la famille, alors je n’imaginais pas faire autre chose. Il y avait tout le temps du monde à la maison et, tous les mois, mon père changeait les meubles. L’ensemble Happy Days était ma cabane, je me balançais sur les courbes de ses fauteuils… Non, pas de paralysie !
Nous sommes des parents libéraux : je l’aurais soutenue même si elle avait voulu être une Spice Girl ! « The Onion », de Lail Arad (The Vinyl Factory).
R. A. :