Tout un programme

Notre chroniqueur a lu le SAV (service avant vente) de la rentrée littéraire d’une grande maison d’édition. Soit un peu moins… que les 1 972 pages des six romans présentés.

Je reçois, sous la forme d’un petit livre, le programme d’Actes Sud pour la rentrée littéraire de septembre 2016. L’éditeur présente six auteurs et leur ouvrage : Magyd Cherfi (« Ma part de Gaulois »), Thierry Froger (« Sauve qui peut (la révolution) »), Laurent Gaudé (« Ecoutez nos défaites »), Valentine Goby (« Un paquebot dans les arbres »), Olivier Py (« Les Parisiens »), Eric Vuillard (« 14 Juillet »). Cinq hommes pour une femme, ce n’est pas la parité, mais c’est mieux que six hommes et zéro femme.

Magyd Cherfi s’annonce comme le parolier du groupe toulousain Zebda, mais il ne donne pas sa date de naissance. Dans le show-biz, on est coquet. Ses influences ? « Les Clash, “Madame Bovary” et Jean-Paul Sartre. » Le rapport « Madame Bovary »-Sartre, je le vois à peu près : « L’idiot de la famille », trois tomes parus chez Gallimard. Mais les Clash ? Ça doit être pour faire musique, décalé, Simon Liberati. Magyd, parmi d’autres ouvrages, a publié en 2004 « Livret de famille », qui était déjà un titre de Modiano en 1977. Magyd : « J’ai du mal à écrire, car je m’écris, et m’écrire, c’est saisir une plaie par les deux bouts pour l’écarter un peu plus. » Ecrire, s’écrire. L’auteur est un Duras à cuire. Il suit un régime pour m’écrire. Il est question, plus loin, d’une « fêlure identitaire » . Et d’une « besace pleine d’amour » . La fêlure identitaire a déjà beaucoup servi dans les débats de LCI, et la besace pleine d’amour a été portée par les plus grands chanteurs français, de Renaud à Francis Cabrel, ainsi qu’aux concerts des Enfoirés. Où l’on n’a pas été insensible, non plus, à la fêlure identitaire.

L’extrait de « Ma part de Gaulois » proposé par Actes Sud commence par un « Pour de vrai » qui sent bon l’école communale et la récré, sur lesquels l’auteur va s’épancher pendant 256 pages.