Le Point

Morgan Duret

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« Première récolte en 2014, j’ai 24 ans et j’ai repris derrière les grands-parents. A la base, je n’étais pas du tout programmé pour ça : j’ai fait bac gestion et technologi­e. J’ai bien réfléchi lors de mon année en terminale. Il y avait un côté sentimenta­l, je ne voulais pas que ça aille à quelqu’un d’autre. Je suis né dans ces vignes. Mais en même temps, c’était du loisir, monter sur les genoux de mon grand-père, etc. Je me suis dit que j’étais chanceux d’avoir ça à proximité. Et après, j’ai fait un BTS Viti-oeno en alternance dans plusieurs châteaux à Saint-Emilion, notamment à Cardinal-Villemauri­ne, puis au labo de Coutras, ensuite à Gaillac. Ils étaient inquiets, les grands-parents, au début. Ils m’ont dit toutes les contrainte­s du métier. Je leur ai bien montré que j’étais motivé, que j’étais capable de bien faire et que je ne les décevrais pas. Ils sont encore en pleine forme et m’aident beaucoup. Ce sont des génération­s qui ont toujours travaillé. Maintenant, ils sont contents. On a commencé a travailler les sols un rang sur deux et mon grandpère aime bien, ça lui rappelle quand il labourait. Pour l’instant, je ne fais que 3 000 bouteilles et j’espère augmenter de 1 000 bouteilles tous les ans. »

descendant de ces Corréziens venus trouver fortune dans le vin autour de Libourne, raconte qu’au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, en 1945, son grand-père a vendu à ses frères ses parts de Haut-Sarpe, un saint-émilion, pour acheter un autre domaine. Il a eu le choix entre La Bastienne à Montagne et Trotanoy, un des plus prestigieu­x pomerols, propriété aujourd’hui des Moueix, autre famille issue de Corrèze, et dont une bouteille de 2012 vaut entre 250 et 300 euros. « Il a hésité puis il a choisi La Bastienne… C’étaient des réflexes d’agriculteu­r : ici, c’était un peu plus grand que Trotanoy. »

Désormais, ce sont des frontières beaucoup plus marquées qui délimitent ces appellatio­ns. Le foncier n’a plus du tout la même valeur et les vins de Montagne ne trouvent pas d’acquéreur passé un certain seuil que ceux de Saint-Emilion franchisse­nt aisément.

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