Le Point

La malédictio­n de la

Dans l’histoire de France, le pouvoir se délite à mesure qu’il s’exerce. Et pour les monarques, même républicai­ns, la fin de règne est difficile.

- PAR ALAIN DUHAMEL

Il n’y a pas de fin de règne heureuse. L’histoire politique est souvent tragique, presque toujours mélancoliq­ue : la dernière année des mandats présidenti­els en fournit la démonstrat­ion. Le crépuscule de l’actuel quinquenna­t ne risque pas de contredire la tradition. Les douze derniers mois de François Hollande portent déjà le deuil. La campagne qui s’esquisse a des airs d’oraison funèbre. S’il reste toujours imprudent d’enterrer vivant un président en exercice, il faut reconnaîtr­e que rarement les présages auront semblé aussi sombres. Ils s’inscrivent cependant dans une longue suite de précédents historique­s. Le pouvoir porte en lui quelque chose de sépulcral qui s’abat sur son détenteur lorsque approche la fin de son temps.

Déjà sous l’Ancien Régime, les monarques finissaien­t mal leur règne. Les derniers Valois (François II, Charles IX, Henri III) semblaient incarner la fatalité d’une agonie politique. Henri IV a péri sous le couteau. Louis XIII a terminé son règne accablé, veuf de Richelieu, environné de traîtres et de conjuratio­ns. Louis XIV, le « grand roi » , le Roi-Soleil, a sculpté sa gloire mais ruiné la France. Il a souffert comme un damné durant sa dernière année, tenaillé par la maladie et accablé de remords. Louis XV, le BienAimé, a fini détesté, Louis XVI a connu le dénouement qu’on sait. Après la Restaurati­on, Louis XVIII a terminé ses jours incapable de gouverner et souffrant mille morts. Charles X le rigide et Louis-Philippe le subtil se sont aliéné les Français et sont morts en exil, Napoléon III aussi. L’agonie politique des derniers souverains français a donc été pitoyable.

Les présidents de la IIIe République, privés de l’essentiel du pouvoir, ont de ce fait affronté moins d’impopulari­té et de désamour. Sur les quatorze qui se sont succédé, six ont cependant dû démissionn­er et deux ont été assassinés, preuve encore que, même largement symbolique, la charge suprême

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