La malédiction de la
Dans l’histoire de France, le pouvoir se délite à mesure qu’il s’exerce. Et pour les monarques, même républicains, la fin de règne est difficile.
Il n’y a pas de fin de règne heureuse. L’histoire politique est souvent tragique, presque toujours mélancolique : la dernière année des mandats présidentiels en fournit la démonstration. Le crépuscule de l’actuel quinquennat ne risque pas de contredire la tradition. Les douze derniers mois de François Hollande portent déjà le deuil. La campagne qui s’esquisse a des airs d’oraison funèbre. S’il reste toujours imprudent d’enterrer vivant un président en exercice, il faut reconnaître que rarement les présages auront semblé aussi sombres. Ils s’inscrivent cependant dans une longue suite de précédents historiques. Le pouvoir porte en lui quelque chose de sépulcral qui s’abat sur son détenteur lorsque approche la fin de son temps.
Déjà sous l’Ancien Régime, les monarques finissaient mal leur règne. Les derniers Valois (François II, Charles IX, Henri III) semblaient incarner la fatalité d’une agonie politique. Henri IV a péri sous le couteau. Louis XIII a terminé son règne accablé, veuf de Richelieu, environné de traîtres et de conjurations. Louis XIV, le « grand roi » , le Roi-Soleil, a sculpté sa gloire mais ruiné la France. Il a souffert comme un damné durant sa dernière année, tenaillé par la maladie et accablé de remords. Louis XV, le BienAimé, a fini détesté, Louis XVI a connu le dénouement qu’on sait. Après la Restauration, Louis XVIII a terminé ses jours incapable de gouverner et souffrant mille morts. Charles X le rigide et Louis-Philippe le subtil se sont aliéné les Français et sont morts en exil, Napoléon III aussi. L’agonie politique des derniers souverains français a donc été pitoyable.
Les présidents de la IIIe République, privés de l’essentiel du pouvoir, ont de ce fait affronté moins d’impopularité et de désamour. Sur les quatorze qui se sont succédé, six ont cependant dû démissionner et deux ont été assassinés, preuve encore que, même largement symbolique, la charge suprême