Alain de Botton, le drone de l’amour
Dans son nouveau livre, le philosophe propose une expérience : réunir un garçon et une fille, et observer leur relation.
Savant, dandy, érudit, fondateur de la fameuse School of Life (voir encadré page suivante) – qui, via ses filiales, coache les déprimés d’une dizaine de pays –, le Franco-Anglo-Helvétique Alain de Botton est un bien curieux personnage : il est cosmopolite et agnostique par tempérament, plus mélancolique qu’un poète lakiste, proustien de naissance, fils de banquier, désinvolte et irrévérencieux comme seuls savent l’être les excentriques modelés à Cambridge… Il se réclame, par ailleurs, de Sénèque et de la plupart des stylistes flegmatiques d’Albion ; il s’attarde enfin avec volupté sur des énigmes sentimentales aussi oxymoriques que le plaisir de souffrir ou le bonheur d’être triste… C’est ainsi que, revisitant les territoires du couple – où il avait déjà séjourné avec son best-seller « Petite philosophie de l’amour » –, il s’interroge : la passion peut-elle durer ? Par quels stratagèmes ? Au prix de quels renoncements ? Peut-elle survivre à la procréation ? Précisons : M. de Botton se veut lucide. A l’effusion il préfère le réalisme ; et, à l’idéal, il oppose un scalpel affûté chez Schopenhauer ou Nietzsche. D’où son dernier opus – dont la lecture devrait être prescrite à tous les candidats au mariage. Ils y apprendront, au moins, que l’amour n’est pas seulement « un enfant de Bohême qui n’a jamais jamais connu de lois » …
Car Alain de Botton, au contraire, croit que ces lois existent, que l’on peut (avec un minimum d’expérience) en formaliser quelques-unes. A cette