Chercheuse et ministre
1952 Naissance. 1982 Doctorat de sociologie à Paris-V. 1992 Dirige le Centre de recherche en anthropologie sociale et culturelle (CRASC). 2003-2006 Présidente du comité arabe de l’Unesco. 2014 Ministre de l’Education nationale. conservateurs, des islamistes et des syndicats a été immédiate.
Pour les islamistes, et à leur tête le Mouvement de la société pour la paix (MSP, tendance Frères musulmans), les ambitions de la ministresontunevéritabledéclaration de guerre : le président du mouvement, Abderrezak Makri, ne cesse de demander la démission de la ministre pour « atteinte à l’identité nationale ». Quand, au printemps, son homologue française, Najat Vallaud-Belkacem, en visite à Alger, avait évoqué la coopération entre les deux pays dans le cadre des réformes, le leader islamiste n’avait pas raté l’occasion et dénoncé « la tentative de franciser l’école algérienne » ! Mais Benghebrit ne lâche rien. Quelques jours plus tard, face aux députés de l’Assemblée populaire nationale, elle avait trouvé la parade : « Notre ennemi principal aujourd’hui, c’est la médiocrité. »
Qu’est-ce qui fait tenir cette sociologue de formation, une des meilleures spécialistes de l’éducation en Algérie ? Au-delà du sout i e n d e s e s c a ma r a d e s d u gouvernement, c’est sa ténacité : « C’était déjà un trait de caractère bien saillant chez elle et qui s’est renforcé avec son parcours professionnel et académique, face aussi aux crises qu’elle a dû, à l’époque, affronter », témoigne la sociologue Fatma Oussedik. Un parcours scientifique brillant, reconnaissent même ses opposants : « Quoique je ne partage pas ses visions sur l’éducation et la pédagogie, je lui reconnais une grande compétence dans le domaine, et du courage aussi », admet Idir Achour, porte-parole de la Coordination des lycées d’Alger.
Directrice de 1995 à 2015 du CRASC d’Oran, doctorante de troisième cycle à Paris-V Sorbonne et auteure de plusieurs études sur l’éducation, cette native d’Oujda, ville frontalière marocaine, a toujours impressionné ses collègues par son caractère de feu. « Dans le passé, plusieurs crises ont éclaté entre elle et d’autres chercheurs, se souvient un de ses collaborateurs à Oran. Mais Benghebrit a toujours eu le dernier mot. Elle a une sorte d’intransigeance naturelle et elle sait qu’elle ne doit son poste de responsable