Fillon, le livre de la
L’ex-Premier ministre, jusqu’ici plutôt porté sur l’économie, publie un essai musclé : « Vaincre le totalitarisme islamique » (Albin Michel). Coulisses et extraits.
François Fillon a écrit. Rien d’étonnant. François Fillon a écrit un livre sur le terrorisme et le nécessaire « sursaut républicain » pour l’éradiquer. Les yeux de ses adversaires, pour le coup, s’écarquillent. Comme s’il n’était pas logique, indispensable même, que l’ex-hôte de Matignon investisse ce terrain, lui qui d’ordinaire disserte sur la faillite de l’Etat, les dépenses publiques, l’âge de départ à la retraite, et juge « arrogant » de mettre les préoccupations identitaires au coeur de la campagne. Fillon soupire. Il se sent incompris. Rappelle, avec une pointe d’agacement tellement c’est évident, qu’il a commencé sa campagne sur les questions économiques pour pouvoir la finir sur les questions régaliennes. Et puis, « après les attentats de Nice, j’ai vu fleurir des propositions toutes plus extravagantes les unes que les autres sur la manière de lutter contre le terrorisme, s’emporte-t-il. Je voulais montrer que les responsables politiques, à force d’avoir le nez dans le guidon et de réagir à chaud en cherchant les réponses le plus médiatiques possible à chaque attentat, finissent par être un des éléments du problème. »
Le Sarthois, lui, a pris le temps de la réflexion. Beaucoup de temps, même, puisque certains dans son entourage jurent le tanner depuis des mois pour qu’il prenne position sur ces sujets. Le patron du groupe LR au Sénat, Bruno Retailleau, le « serine » – c’est son terme – depuis un an pour articuler un discours autour de deux axes : déclassement économique et dépossession identitaire et culturelle. L’ancien préfet Patrick Stefanini, son directeur de campagne, n’a jamais caché son souhait de voir son candidat investir davantage le champ régalien. Serge Grouard, prolixe député du Loiret et coordinateur du projet, profite, quant à lui, d’une réunion estivale au QG du candidat pour marteler ses recommandations : « On ne peut pas raconter n’importe quoi, être dans la surenchère permanente comme le font les autres,