ÉTATS-UNIS CLINTON PREND TRUMP À SON PROPRE JEU
On espérait un match de boxe façon Mohamed Ali contre Joe Frazier, avec plein de coups et d’insultes qui volent, du spectacle et du suspense, et à la fin un beau KO. Mais, pour le premier débat de la saison, les adversaires se sont tourné autour, sans vraiment chercher à s’envoyer au tapis, en cognant assez mollement. Hillary Clinton, qui avait soigneusement préparé le combat, s’est avérée la plus teigneuse et a mis à plusieurs reprises Trump sur la défensive. Sur sa déclaration d’impôts, par exemple, qu’il refuse de révéler. C’est peutêtre, a susurré une Mme Clinton détendue et souriante, qu’il n’est pas aussi riche qu’il le dit, ou qu’il n’a pas fait autant de dons à Dépenses en publicité télévisuelle du début de la campagne jusqu’à mi-septembre : Clinton : millions de dollars Trump : millions de dollars Nombre de débats pour les primaires : démocrates : républicaines : (dont 11 auxquels Trump a participé)
Fonds levés : Clinton : millions de dollars (373,2 millions par sa campagne et 143,5 millions par des groupes, SuperPac) Trump : millions de dollars (165,8 millions par la campagne et 40 millions d’argent extérieur)
Opinions défavorables (la veille du débat) : Clinton : Trump : des organisations caritatives qu’il le clame, ou encore qu’il ne veut pas qu’on sache qu’il ne paie pas d’impôts… Elle l’a ensuite accusé d’avoir, depuis des années, un comportement raciste, du jamais-vu lors d’un débat présidentiel. Elle a rappelé que, dans les années 1970, il avait été poursuivi en justice pour avoir refusé à des Noirs l’accès à ses logements. Et elle a terminé en évoquant les épithètes colorées dont il a qualifié les femmes au gré du temps : « cochonnes », « souillons », « chiennes » …
Donald Trump avait choisi, lui, de jouer une version adoucie de son personnage, sans doute pour paraître plus présentable. Il a certainement marqué des points lorsqu’il a critiqué sa rivale sur sa volteface relative aux traités commerciaux qu’elle a défendus avant de s’y opposer ou sur la situation chaotique au Proche-Orient. Il a aussi tout fait pour la présenter comme un vieux crocodile de la politique, « que de la tchatche, pas d’action », qui n’a ni le « look » ni la « résistance » pour occuper le Bureau ovale. Au final, Hillary Clinton a sans doute été la plus « présidentielle » des deux.
Cette joute oratoire va-t-elle réellement changer la dynamique ? C’est peu probable, les débats ne faisant normalement pas basculer la course. Rien, toutefois, n’est normal depuis le début de cette campagne…