Le Point

Le film qui ne va pas plaire à Daech

« Le ciel attendra » démonte l’embrigadem­ent des jeunes filles dans le djihad.

- VICTORIA GAIRIN

«N e t’inquiète pas, maman, je suis en Syrie, je suis partie combattre. » Comment une jeune fille sans histoire de 16 ans, biberonnée à la télé-réalité et influencée par la mode, peut-elle en quelques mois revêtir le voile, apprendre l’arabe et renier sa famille pour partir faire le djihad ? Cette question, la réalisatri­ce Marie-Castille Mention-Schaar se l’est posée dès 2012. Bien avant que les termes d’« embrigadem­ent » ou de « radicalisa­tion » n’envahissen­t l’actualité. Bien avant la cellule démantelée de Boussy-Saint-Antoine. « Dans les journaux, on parlait de quelques cas isolés. Lorsque je lisais l’histoire de ces jeunes gens, je voulais comprendre. » Comprendre ce qui se passe dans la tête des jeunes. Mieux, des jeunes femmes qui, d’ados lambda, se voient du jour au lendemain comme des êtres d’exception, des élues, plus « pures »… On suit les parcours de Sonia (Noémie Merlant), la « repentie », 17 ans, qui s’apprêtait à participer à un attentat après avoir échoué à partir pour la Syrie, et celui de Mélanie (Naomi Amarger), 16 ans, en voie de radicalisa­tion, qui rencontre le « prince charmant » sur les réseaux sociaux. Et celui de leurs mères (Sandrine Bonnaire et Clotilde Courau), désarmées et prêtes à tout pour ramener leurs filles dans le droit chemin. La réalisatri­ce a fait appel à Dounia Bouzar, directrice du Centre de prévention contre les dérives sectaires liées à l’islam, qui joue son propre rôle. « Qui peut croire que, si quelqu’un de louche venait demander à vos enfants d’aller se faire éclater la gueule à 4 000 kilomètres d’ici, ils viendraien­t le dire à papa et maman ? » lance, impuissant, le père d’une des gamines (Yvan Attal). Personne, évidemment, et « Le ciel attendra » explique avec justesse pourquoi ils ne le font pas En salles le 5 octobre.

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