Alger, telle quelle
Chroniques.h i « Jours tranquilles à Alger » rassemble des morceaux de la vie algéroise qui n’ont rien de tranquille. Signées par un couple de journalistes franco-algériens d’El Watan, ces miscellanées sont deux regards croisés. Des chroni q ues pa r f o i s j o y e us e s , comme la perspective de partir à la pêche à la sardine avec la réouverture du vieux port. Tendres, dans l e s hôtel s « 5 étoiles », où il faut aimer « les nappes en plastique qui collent aux avant-bras » . Stupéfiantes avec la mainmise économique de la Chine sur cette « arrière-cour du Qatar » . Dramatiques dans leurs compromis, à voir la « golfisation » du mode de vie ou l’apparition des « hidjabitch » , associations
Jded voile imprimé panthère, jean moulant et « talons vertigineux » . Effroyables, à suivre l’excavation des crânes des moines de Tibhirine ou à s’immerger dans la famille de Mohammed Merah, dans laquelle le petit de 6 ans, « au regard déjà dur » , demande à porter le prénom de son aîné… Ni une ode ni un brûlot, mais un « roman » pour savoir « qui a tué ce pays », un guide pour « le fascinant jeu de décodage qui reste la principale activité intellectuelle du visiteur » , selon la préface de Kamel Daoud, qui sait mieux que tout autre la beauté et le poids de cet « épuisant pays que l’on porte sur le dos »
« Jours tranquilles à Alger », de Mélanie Matarese et Adlène Meddi (Riveneuve éditions, 206 p., 15 €).