Cachemire
technologie font bon ménage. « On est illimité par l’imagination mais limité par les machines, alors on les pousse jusque dans leurs retranchements », jubile Clive Brown, directeur des ventes, en caressant un métier à tricoter Bentley Cotton qui date des années 50.
Celui qui a commencé chez Barrie il y a trente-deux ans au poste des machines à laver connaît l’usine comme sa poche et slalome entre les vieilles bécanes et les machines japonaises dernier cri. Avec son fort accent écossais, il taquine la poignée de couturières qui s’affairent à coudre une poche ou un ruban de grosgrain. Chaque boutonnière est marquée à la craie. Les boutons viennent des plus grands paruriers. Les modèles en porcelaine sont peints à la main. Il faut compter en moyenne 40 étapes pour confectionner un pull siglé Barrie, l’incarnation luxe du cachemire. Ici, l’ambiance est résolument familiale et bon enfant. Pourtant, Clive a du mal à recruter des artisans. « Il y a vingt ans, il y avait 12 000 personnes impliquées dans le business de la laine et du cachemire dans la région. Aujourd’hui, on en compte à peine 1 000. Nous avons donc ouvert une école où sont formés une vingtaine de jeunes sur deux ans. » Au milieu des bobines de fil multicolores, la musique des machines à coudre résonne dans la pièce. Plus loin, des fers à repasser crachent de gros nuages de vapeur. Puis on enfile le cachemire sur des mannequins lumineux pour passer à la loupe le moindre défaut, qui sera soigneusement réparé, remaillé, voire détricoté. Certes, on peut aujourd’hui acheter cette matière partout et bon marché. Mais celui signé Barrie est d’une qualité exceptionnelle et doté d’un vrai supplément d’âme. La visite se termine par la laverie. Les pulls sont encore un peu rêches, car la cire qui protégeait la fibre durant la confection est encore présente. Mais plus pour très longtemps. Suivant la couleur, le motif et le tricotage, les temps de lavage sont adaptés. « Si la pureté de l’eau écossaise est chaudement recommandée pour faire du whisky, elle est aussi idéale pour laver nos pulls en cachemire, qui, eux aussi, se bonifient avec le temps ! » lance le truculent Clive