Milliards

C’est la somme qu’elle réclame à Apple au titre d’impôts non payés en Irlande. érigée en star de la politique européenne. Est-ce pour cela qu’elle a placé, bien en vue sur sa table basse, au milieu de nombreux autres bibelots, une pomme en cristal ? On aurait en tout cas aimé voir la tête de Tim Cook lorsqu’il s’est assis en face d’elle, en février… Mais le patron de la firme de Cupertino pourrait aussi se rassurer en constatant que la commissaire utilise non pas un, mais deux iPhone… Et ne craint pas de les sortir en présence des journalistes. « J’ai tendance à être cliente de toutes les sociétés auxquelles j’ai à faire : je bois du café Starbucks, je fais mes recherches Internet sur Google, mais je ne conduis pas de Fiat. »

Car Apple est loin d’être un cas isolé. Des attributions – considérables – dévolues à la Commission pour garantir le bon fonctionnement du marché unique, Vestager a su forger une arme nucléaire contre l’évasion fiscale des multinationales. Sans pouvoir sur les politiques fiscales des Etats, elle joue sur l’interdiction qui leur est faite d’accorder des subventions à une entreprise. Ce qu’on appelle, en jargon bruxellois, le contrôle des aides d’Etat, inscrit dans les articles 107 et 108 du traité. Ce levier a été actionné pour la première fois par Mario Monti au début des années 2000. Mais depuis l’arrivée de la Danoise au Berlaymont, en novembre 2014, les cas pleuvent. Très vite, elle s’est attaquée au Luxembourg et aux Pays-Bas, qui avaient accordé un avantage fiscal illégal à Fiat et à Starbucks. Gains pour les contribuables ? Vingt millions d’euros dans le premier cas, 30 millions dans le second. Dans une autre affaire, elle a sanctionné trente-cinq multinationales pour avantages fiscaux indus en Belgique. Et cette traque ne fait que commencer. McDonald’s et Amazon sont les prochains sur la liste.

Descentes musclées. Bien sûr, beaucoup de ces dossiers étaient déjà sur son bureau lorsqu’elle est arrivée dans les bagages de la Commission présidée par Jean-Claude Juncker. C’est sous le précédent commissaire, l’Espagnol Joaquin Almunia, que l’investigation sur Apple a été lancée. Mais Vestager est prête à faire aboutir sans faiblir les cas débusqués par les fonctionnaires de