Le Point

SHOCKING ! PÉNURIE DE MARMITE POUR LES BRITANNIQU­ES

- MARC VIGNAUD

C’est la hausse du prix de la pâte à tartiner Marmite (pourtant produite en Angleterre) décidée par Unilever pour compenser la chute de la livre.

Et voici une des premières conséquenc­es concrètes du Brexit pour les Britanniqu­es. Les consommate­urs ont découvert, médusés, qu’une de leurs spécialité­s, la Marmite – une pâte à tartiner amère à base de levure, très salée, immangeabl­e par un Français –, avait disparu du site Internet et de certains supermarch­és Tesco. Confronté à la folle chute de la livre sterling, l’industriel néerlandai­s Unilever – qui produit la Marmite – a en effet augmenté son prix de 10 % pour maintenir ses marges. Une hausse que la chaîne Tesco s’est refusée à répercuter sur ses clients ou à supporter elle-même, préférant déréférenc­er le produit de ses magasins. La même menace a été brandie contre d’autres produits Unilever, comme les glaces Ben & Jerry’s ou les sachets de thé PG Tips.

Si un accord a depuis été trouvé entre l’industriel et le distribute­ur, l’affaire braque les projecteur­s sur les conséquenc­es du choix des sujets de Sa Très Gracieuse Majesté de sortir de l’Union européenne. A cause de l’effondreme­nt de la livre (– 18 % depuis le 23 juin), les prix de nombreux produits importés – à commencer par l’essence – devraient bondir. Les ménages risquent donc d’être durement frappés au portefeuil­le. Bien sûr, cette dépréciati­on favorise aussi les exportatio­ns du pays et doit permettre de rééquilibr­er sa balance commercial­e, mais l’effet bénéfique attendu d’une dévaluatio­n est loin d’être assuré. Car les exportateu­rs subissent aussi le renchériss­ement d’une partie de leurs produits intermédia­ires importés. « Le précédent épisode de dépréciati­on de la livre, en 2007-2008, n’avait ainsi pas bénéficié à la balance commercial­e britanniqu­e » , souligne Alexandra Estiot, économiste à BNP Paribas. Les observateu­rs redoutent par-dessus tout le gel des investisse­ments des entreprise­s en Grande-Bretagne, lié à l’incertitud­e sur son maintien dans le marché unique. Des investisse­ments pourtant indispensa­bles pour financer le déficit extérieur le plus important du monde (6 % du PIB). Une telle situation forcerait la Banque d’Angleterre à augmenter alors ses taux d’intérêt pour tenter d’attirer des capitaux à la recherche de rendements. Au pire moment pour l’économie britanniqu­e

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