Le Point

Où sont les femmes ?

Pays en manque d’ingénieurs cherche main-d’oeuvre désespérém­ent.

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«J e réclame un “Dr House” de la technologi­e au féminin ! Un “Top Chef ” de l’ingénierie piloté par une femme ! » Si Marie-Sophie Pawlak, ingénieure, en appelle à la télévision, ce n’est pas pour se distraire. La présidente de l’associatio­n Elles bougent, qui anime aussi le groupe Egalité femmes-hommes à la Conférence des grandes écoles (CGE), voit en ce recours aux programmes populaires un moyen de faire « exploser les vocations » des filles ingénieure­s.

Le milieu en a besoin. Alors que la parité est de mise en terminale S, seul un quart des effectifs des étudiants en école d’ingénieurs sont des femmes. Et encore : ce chiffre tient compte des filières à forte concentrat­ion en filles (biochimie, sciences de la vie, métiers de la santé…) et masque la réalité de la grande majorité, complèteme­nt délaissée par les femmes. En mécanique ou en informatiq­ue, elles ne représente­nt que 10 à 20 % des effectifs. Dans certaines des plus grandes écoles généralist­es, telles Polytechni­que ou l’Ecole nationale supérieure des arts et métiers (Ensam), moins d’un étudiant sur cinq est une fille. Et même si, en dix ans, des progrès ont été faits, on reste bien loin de la parité. Faudrat-il en passer par l’instaurati­on d’un quota, comme le suggère Elles bougent, qui souhaite atteindre un objectif de 30 % de femmes dans chaque école d’ingénieurs ?

« C’est au moment de l’orientatio­n en terminale que l’on perd la plupart des filles : une fille sur dix en terminale S choisit une formation qui mène au métier d’ingénieure ou de technicien­ne, contre près de quatre garçons sur dix » , déplore Marie-Sophie Pawlak. Pour combattre les stéréotype­s, l’autocensur­e des jeunes femmes et celle des enseignant­s ou des parents, l’associatio­n, créée il y a dix ans, mise sur la communicat­ion : « On fait sortir les filles du contexte scolaire bien avant la terminale, au moment où les projets d’études supérieure­s commencent à se dessiner, et on mise sur l’exemple des aînées. Les jeunes femmes doivent comprendre qu’être une femme ingénieure, ce n’est pas forcément porter un gilet jaune et un casque : on peut aussi être féminine dans ces métiers ! »

A 15 ans, les jeunes filles sachant en quoi consiste le métier d’ingénieur sont rares : « Elles ne réalisent pas que toute la technologi­e du quotidien a été inventée par des ingénieurs » ,

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