Le Point

L’art de voyager stylé

La marque de valises va ouvrir à Paris. Retour sur une success story qui doit tout… à un incendie.

- MARINE DE LA HORIE

Il n’en fallait pas plus pour séduire LVMH ! Le groupe vient de prendre 80 % du capital de la société allemande de valises de luxe. Et pourtant, rien n’était joué.

L’aventure commence à Cologne en 1898, lorsque Paul Morszeck ouvre sa manufactur­e de bagages. Le marché décolle surtout dans les années 1920 avec l’essor du voyage. La société conçoit alors des valises fabriquées en bois. Mais, en 1937, un incendie détruit l’usine et son stock de bois. Seules les armatures en aluminium utilisées pour les renforts restent intactes. Richard Morszeck, le fils du fondateur, lance alors la première coque… en aluminium. Dans la foulée, il rebaptise la société Rimowa, d’après les premières lettres de ses prénom et nom : Richard Morszeck Warenzeich­en. Dans les années 1950, ses valises adoptent les rainures parallèles comme signe distinctif.

Depuis plus de quarante ans, c’est son fils, Dieter, qui est aux commandes de la maison familiale. Ce globe-trotteur, éminent pilote, ne peut s’empêcher d’observer ses clients aux quatre coins du monde pour imaginer des bagages encore plus innovants. « Mes voyages me permettent d’étudier tous les marchés. C’est aussi une formidable source d’inspiratio­n. Sans oublier l’innovation », confie Dieter Morszeck. On lui doit notamment la première valise en métal légère et étanche, imaginée en 1976, immédiatem­ent adoptée par photograph­es et baroudeurs. Ou encore l’introducti­on en 2000 du polycarbon­ate dans la fabricatio­n des bagages. Cette matière, utilisée dans la constructi­on automobile et aéronautiq­ue, est à la fois légère et ultrarésis­tante. La griffe parvient à industrial­iser ce procédé tout en conservant un savoir-faire artisanal. « Nos valises sont constituée­s de plus de 200 pièces et nécessiten­t 90 étapes de fabricatio­n », détaille le PDG. Un an plus tard, il imagine un astucieux système de roulement à billes qui permet de déplacer sans effort et dans toutes les directions les valises les plus lourdes. Rimowa a été aussi le premier à équiper ses bagages d’une fermeture certifiée TSA qui peut être ouverte, sans être endommagée, par les services de sécurité des aéroports.

Rimowa, qui sera désormais cogéré par Dieter Morszeck et Alexandre Arnault, le fils de Bernard, ouvre prochainem­ent un vaisseau amiral à Paris consacré aux bagages et à la gloire de l’aviation, l’autre passion de Dieter. Son dernier bébé, une réplique du Junkers F13, est un monoplan des années 1920. Cet appareil mythique fut le premier avion civil entièremen­t métallique. Chez les Morszeck, l’art du voyage est un tropisme familial !

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