Le Point

Le FN, et moi

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amoureux. Par une complicité intellectu­elle qui devint jour après jour une proximité sensible. Puis, sans qu’aucun ne lutte, une passion qui dure encore.

J’allais chaque vendredi écrire avec elle pendant plusieurs heures une pièce de théâtre. Cela dura des mois. La pièce écrite, nous décidions de la mettre en scène ensemble. Nous nous parlions de tout. L’écriture devint un prétexte. Et je découvrais que nous nous étions toujours connus. Après quelques années, j’avais réussi à mener la vie que je voulais. Nous étions deux, inséparabl­es, malgré les vents contraires. A 16 ans j’ai quitté ma province pour Paris. Cette transhuman­ce, nombre de jeunes Français la font. C’était pour moi la plus belle des aventures. Je venais habiter des lieux qui n’existaient que dans les romans, j’empruntais les chemins des personnage­s de Flaubert, Hugo. J’étais porté par l’ambition dévorante des jeunes loups de Balzac. Mendès et de Gaulle Le général de Gaulle avait, plus qu’aucun autre, le sentiment de la grandeur de la France. Il a délibéréme­nt renoncé pourtant à l’Empire français, dont il avait appris enfant qu’il était inséparabl­e de cette grandeur même, parce qu’il avait compris que l’avenir du pays se jouait sur le continent européen. Nul plus que Pierre Mendès France n’avait le sens de la justice. Il s’est pourtant fait en 1945, et contre le Général lui-même, l’apôtre de la rigueur budgétaire, parce qu’il voyait, au-delà des apparences, quels malheurs sociaux le laxisme peut causer.

Je ne me résous pas à être enfermé dans des clivages d’un autre temps. On a voulu caricature­r ma volonté de dépasser l’opposition entre la gauche et la droite : à gauche en dénonçant une trahison libérale, à droite en me dépeignant comme un faux nez de la gauche. Je ne puis me satisfaire de voir le désir de la justice empêché par des schémas anciens, qui ne laissent aucune part à l’initiative, à la responsabi­lité, à l’inventivit­é personnell­es. Si par libéralism­e on entend confiance en l’homme, je consens à être qualifié de libéral. Car ce que je défends, en retour, doit permettre à chacun de trouver dans son pays une vie conforme à ses espérances les plus profondes. Mais si, d’un autre côté, c’est être de gauche que de penser que l’argent ne donne pas tous les droits, que l’accumulati­on du capital n’est

« C’est au lycée, par le théâtre, que j’ai rencontré Brigitte. C’est subreptice­ment que les choses se sont faites et que je suis tombé amoureux. (…) Une passion qui dure encore. »

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