« La Révolution française est
Pour le candidat à la présidentielle, le combat est d’abord culturel. Voici ce qu’il a en tête.
Le Point : Votre livre ressemble moins à un essai politique qu’à un manuel de combat culturel. Vous faites du Gramsci ? Emmanuel Macron :
Et j’assume ! J’ai voulu écrire un livre qui ne se limite pas à une analyse politique de circonstance ponctuée de mesures techniques. Ce livre est une vision et une proposition d’actions. Notre combat aujourd’hui est plus vaste. Il est culturel et même civilisationnel. Nous devons revenir à ce qui fonde notre démocratie. Depuis le XVIIIe siècle, nous avons créé en Occident des organisations économiques, sociales et politiques qui reposent sur le même socle : l’économie de marché, les libertés individuelles cristallisées durant les Lumières, la démocratie et l’Etat de droit. Ce système s’est consolidé par la croissance économique, le progrès pour tous qui a permis aux classes moyennes de se développer et de renforcer l’esprit démocratique.
Un schéma qui ne tient plus aujourd’hui…
Exactement. La mondialisation érode ce modèle avec une accélération d’une violence extraordinaire depuis quinze ans. La mondialisation a bénéficié à deux catégories : les plus riches des pays développés et les nouvelles classes moyennes des pays en développement. Elle a laissé à l’arrêt les classes moyennes des pays occidentaux, a bloqué l’ascension sociale des classes populaires, ce qui a nourri une insécurité culturelle, économique et sociale. C’est une crise qui touche tout le bloc occidental. Le Brexit et le vote Trump l’attestent. Nous sommes à un stade où le capitalisme ne parvient plus à se réguler et est en train de détruire sa propre base sociologique et sa propre histoire, qui était celle du progrès économique et social. La financiarisation du capitalisme et le numérique ont accéléré les écarts. Nous arrivons donc à une tension sociale et géographique extrême. Pour la première fois, le mouvement qui est en cours fracture nos sociétés et menace nos démocraties. C’est cela qui nourrit ma réflexion.
Le Code du travail est-il un plafond de verre ?
Les règles qui ont été fixées ces dernières décennies en termes d’organisation du travail ont créé une barrière à l’entrée et un plafond de verre en particulier pour les travailleurs les moins qualifiés, à commencer par les jeunes. Il y a 25 % des jeunes au chômage en France et il y en a 50 % dans les quartiers en difficulté ! Ce n’est pas seulement une question de discrimination. Ceux qui sont bien formés sont largement embauchés. Mais quand ils n’ont pas été formés et qu’ils doivent apprendre leur métier en travaillant, l’employeur considère que le smic horaire à 35 heures est trop coûteux. Dans ces conditions, un certain nombre de jeunes ne peuvent s’en sortir que par l’apprentissage, qui coûte moins cher à l’employeur et
« La gauche a été une promesse pour cette jeunesse des banlieues, qu’elle a trahie et assignée à résidence. »