Le Point

« La Révolution française est

Pour le candidat à la présidenti­elle, le combat est d’abord culturel. Voici ce qu’il a en tête.

- PROPOS RECUEILLIS PAR ÉTIENNE GERNELLE ET SAÏD MAHRANE

Le Point : Votre livre ressemble moins à un essai politique qu’à un manuel de combat culturel. Vous faites du Gramsci ? Emmanuel Macron :

Et j’assume ! J’ai voulu écrire un livre qui ne se limite pas à une analyse politique de circonstan­ce ponctuée de mesures techniques. Ce livre est une vision et une propositio­n d’actions. Notre combat aujourd’hui est plus vaste. Il est culturel et même civilisati­onnel. Nous devons revenir à ce qui fonde notre démocratie. Depuis le XVIIIe siècle, nous avons créé en Occident des organisati­ons économique­s, sociales et politiques qui reposent sur le même socle : l’économie de marché, les libertés individuel­les cristallis­ées durant les Lumières, la démocratie et l’Etat de droit. Ce système s’est consolidé par la croissance économique, le progrès pour tous qui a permis aux classes moyennes de se développer et de renforcer l’esprit démocratiq­ue.

Un schéma qui ne tient plus aujourd’hui…

Exactement. La mondialisa­tion érode ce modèle avec une accélérati­on d’une violence extraordin­aire depuis quinze ans. La mondialisa­tion a bénéficié à deux catégories : les plus riches des pays développés et les nouvelles classes moyennes des pays en développem­ent. Elle a laissé à l’arrêt les classes moyennes des pays occidentau­x, a bloqué l’ascension sociale des classes populaires, ce qui a nourri une insécurité culturelle, économique et sociale. C’est une crise qui touche tout le bloc occidental. Le Brexit et le vote Trump l’attestent. Nous sommes à un stade où le capitalism­e ne parvient plus à se réguler et est en train de détruire sa propre base sociologiq­ue et sa propre histoire, qui était celle du progrès économique et social. La financiari­sation du capitalism­e et le numérique ont accéléré les écarts. Nous arrivons donc à une tension sociale et géographiq­ue extrême. Pour la première fois, le mouvement qui est en cours fracture nos sociétés et menace nos démocratie­s. C’est cela qui nourrit ma réflexion.

Le Code du travail est-il un plafond de verre ?

Les règles qui ont été fixées ces dernières décennies en termes d’organisati­on du travail ont créé une barrière à l’entrée et un plafond de verre en particulie­r pour les travailleu­rs les moins qualifiés, à commencer par les jeunes. Il y a 25 % des jeunes au chômage en France et il y en a 50 % dans les quartiers en difficulté ! Ce n’est pas seulement une question de discrimina­tion. Ceux qui sont bien formés sont largement embauchés. Mais quand ils n’ont pas été formés et qu’ils doivent apprendre leur métier en travaillan­t, l’employeur considère que le smic horaire à 35 heures est trop coûteux. Dans ces conditions, un certain nombre de jeunes ne peuvent s’en sortir que par l’apprentiss­age, qui coûte moins cher à l’employeur et

« La gauche a été une promesse pour cette jeunesse des banlieues, qu’elle a trahie et assignée à résidence. »

 ??  ?? Plan de bataille. Pour mener sa « révolution », Emmanuel Macron en appelle à une refondatio­n économique et sociale.
Plan de bataille. Pour mener sa « révolution », Emmanuel Macron en appelle à une refondatio­n économique et sociale.

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