Le Point

Festin de chefs-d’oeuvre

La Fondation Louis-Vuitton présente en 130 tableaux la fabuleuse collection du visionnair­e Chtchoukin­e.

- PAR JUDITH BENHAMOU-HUET

C’est le « blockbuste­r » artistique de l’automne. Un concentré de chefs-d’oeuvre. La Fondation Louis-Vuitton retrace le projet fou et brillant d’un industriel qui avait compris avant tout le monde l’importance de Picasso et de Matisse. Le Moscovite Sergueï Chtchoukin­e est né en 1854 et est mort exilé en France en 1936, après avoir, bolchevism­e oblige, tout perdu. Il aura bâti en moins de dix ans, et avant d’autres légendes comme Albert Barnes et Peggy Guggenheim, une des plus fabuleuses collection­s d’art moderne. Au total, il accumule 278 tableaux comprenant aussi des chefs-d’oeuvre impression­nistes achetés à ses débuts d’amateur d’art. Cent trente peintures, dessins, sculptures ont fait le voyage en provenance des musées de l’Ermitage, à Saint-Pétersbour­g, et Pouchkine, à Moscou.

Sur 3 800 mètres carrés et quatre étages du bâtiment de Frank Gehry se déploie un exceptionn­el défilé des avant-gardes françaises. On a du mal à comprendre quel éclair de génie a traversé l’esprit de l’industriel pour faire des acquisitio­ns aussi massives en si peu de temps, contre l’avis de son entourage et des milieux bien-pensants. Il commence à se pencher sur ce courant en 1905, mais la Première Guerre mondiale barrera définitive­ment la route de ses ambitions. Entre-temps, il acquiert 8 Cézanne, 16 Gauguin, 38 Matisse et 50 Picasso destinés à être a c c r o c hés à t o uc he- t o uc he d a ns s o n pa l a i s Troubetsko­ï. La commissair­e de l’exposition, Anne Baldassari, explique : « Le principe de Sergueï Chtchoukin­e, c’est qu’il collection­ne contre son goût, mais il fait confiance aux artistes qu’il a élus. » La suite de l’histoire ? La nationalis­ation de la collection, la fuite de Chtchoukin­e de Moscou en 1916, la protection des tableaux dans des mines de Sibérie pendant la guerre, avant la dispersion de ses trésors dans les deux grands musées de la Russie communiste. Ils sont de retour, jusqu’au 20 février, dans la ville où ils ont été conçus. Il faut les voir « Icônes de l’art moderne. La collection Chtchoukin­e », jusqu’au 20 février 2017, www.fondationl­ouisvuitto­n.fr. A lire : le catalogue de l’exposition, « Icônes de l’art moderne, la collection Chtchoukin­e », sous la direction d’Anne Baldassari (Fondation Louis Vuitton/Gallimard, 478 p., 49,90 €).

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