Le Point

QUAND TRUMP S’APPELAIT « BUZZ »

- VALÉRIE MARIN LA MESLÉE

Réédition. En 1935, le romancier américain Sinclair Lewis, premier Prix Nobel américain de littératur­e (1930) et déjà l’auteur du si clairvoyan­t « Babbitt », (1922), publiait « It Can’t Happen Here », roman d’anticipati­on inspiré de la menace fasciste planant alors sur l’Europe : l’auteur se demandait si les Etats-Unis, en pleine crise économique, en seraient à l’abri. Il crée le personnage de Buzz Windrip, leader politique populiste, qui passe par tous les rouages de la séduction pour convaincre les électeurs que lui seul saura restaurer « la grandeur » de l’Amérique. Mais, une fois porté au pouvoir, le dictateur se révèle… Dans ce classique de la littératur­e américaine, où la figure de l’opposant, Doremus, est le double de Lewis, les Américains ont vu depuis quelques mois une lecture utile sur le risque d’une victoire du populisme, prophétie de l’aveuglemen­t face à Donald Trump. Le candidat à la Maison-Blanche de Lewis nomme par exemple un vieil ami, ex-directeur de La Gazette de la mode et des frivolités, au ministère de la Guerre, et renvoie les femmes au foyer. Quant au sort des minorités… On en passe. « Impossible ici » est le titre français du livre que Raymond Queneau traduisit en 1937 et que les éditions La Différence ont eu l’heureuse idée de rééditer cet automne. A posteriori outre-Atlantique, comme par anticipati­on plus près de chez nous, cette lecture est un brûlant écho au populisme plus que rampant… « Impossible ici », de Sinclair Lewis, traduit de l’anglais par Raymond Queneau (La Différence, 376 p., 20 €).

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Sinclair Lewis, en 1947. Son roman, traduit par Raymond Queneau, apparaît prémonitoi­re.

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