Le Point

« Camping 4 »

- Patrick Besson

Le camping des Flots bleus est fermé en novembre. Ses seuls occupants : quelques chats qui semblent bien s’entendre. En tout cas, ils se déplacent en bande. Il n’y en a pas un de la même couleur : belle leçon d’antiracism­e félin. Je n’avais rien à leur donner à manger, mais ils n’avaient pas l’air d’avoir faim. Nourris à vie par Pathé ? Dans les trois films de Fabien Onteniente, le camping donne sur l’océan alors que dans la réalité il est adossé à la dune du Pilat, plus haute que ne l’était le mur de Berlin. Ou que ne l’est celui de Jérusalem. Aucune vue sur la mer. L’emplacemen­t 17, convoité par Jacky (Claude Brasseur) dans le premier épisode de la série, se trouve sans doute sur la plage Le Petit Nice, à quelques kilomètres de là. J’ai reconnu les arbres.

La plupart des plages de Gironde sont cachées, comme les maisons. Ou les sentiments dans les romans de Mauriac. La ressemblan­ce de l’écrivain gaulliste avec les pins des Landes : immense, fin et penché. Sur la Côte d’Azur, la mer se montre nue avec impudeur. On la voit de la route comme du train. Ici, l’océan porte le soutien-gorge des dunes. Pour le découvrir, il faut les grimper. Le baigneur girondin commence sa journée par un peu d’escalade.

Bordeaux, un mercredi matin, se préparant à la visite de son maire, annoncée par Sud Ouest et France 3 Aquitaine. Le Bordelais Alain Juppé, comme a dit le présentate­ur télé. La ville la plus instable de France sur le plan météorolog­ique : il pleut sur la rue Sainte-Catherine tandis qu’il fait soleil sur la place de Tourny. On ouvre son parapluie sur l’esplanade des Quinconces, après quoi on enlève son pull place Gambetta. A Bordeaux, l’argent ne se montre pas : il s’expose comme une oeuvre d’art. La plus belle place n’est-elle pas celle de la Bourse ?

Arcachon se divise en saisons, quand la plupart des villes sont vieilles et nouvelles, hautes et basses. L’hôtel de M. et Mme Arnoux se trouve dans la ville d’Hiver dont il porte le nom, quartier où l’on traitait autrefois les riches tuberculeu­x. Les frères Pereire leur avaient construit de belles villas (Teresa, Toledo, Carmen, etc.) où ces malades chics attendaien­t la mort au bon air et dans un luxe délicat. C’étaient de gros lecteurs maigres. La littératur­e a beaucoup perdu avec l’invention de la pénicillin­e. La ville d’Hiver garde quelque chose de ce climat littéraire. C’est ainsi que Nathalène et Olivier Arnoux ont décidé d’accueillir des écrivains parmi lesquels Colombe Schneck, Simonetta Greggio, Arnaud Cathrine, Franck Maubert. Et moi.

Promenade, dans la ville d’Eté, sur la plage d’Eyrac. Comme à Nice ou à La Baule, quelques vieilles demeures rabougries résistent aux immeubles résidentie­ls insolents. Les bains de mer auront fait bien des dégâts architectu­raux. Acheter un appartemen­t dans l’immeuble Maupassant Plage ? A condition de rejoindre Arcachon en Citroën Picasso

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Franck Dubosc dans « Camping ».

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