Le cas Fillon divise le FN
Pour Marine Le Pen,
En attaquant Fillon sur l’angle social, Marine Le Pen parle en priorité à un électorat perdu par la gauche : les ouvriers, les classes moyennes, les ruraux, les fonctionnaires et les chômeurs. Elle soigne moins préservation d’un modèle familial traditionnel hérité du catholicisme, apprentissage de l’histoire de France à l’école et fin de la repentance : Fillon a su attirer à lui un électorat conservateur dont Sens commun n’est pas la seule composante (lire « Pourquoi les démocraties virent à droite », p. 139). Parmi ses électeurs, on retrouve tous ceux qui sont attachés à l’Histoire et à la permanence d’une culture commune. Tous ceux pour qui la souveraineté nationale garantit le rayonnement de la France dans le monde. « Les Français attendent qu’on leur dise que la France compte, assure Serge Grouard, chargé du projet de Fillon. Ils aiment entendre “La Marseillaise”, ils attendent l’épopée gaullienne, à François de réussir à parler à tous les Français. » Héritier de Séguin, Fillon l’a bien compris, puisque le voilà qui, depuis septembre, veille à prononcer le mot « souveraineté » dans chacun de ses discours, en prenant soin de détacher toutes les syllabes. « Il incarne une droite sereine, calme, déterminée, une droite de valeurs, de convictions » , résume Retailleau.
De quoi faire fuir les progressistes ? Si certains se frottent vigoureusement les tympans quand Fillon répète sa volonté d’interdire l’adoption plénière pour les couples homosexuels, tourneront-ils pour autant le dos à la droite Fillon ? « Il est en train de réussir une alchimie étonnante, s’il fait ce qu’il annonce sur le plan économique, les libéraux libertaires ne rompront pas pour une histoire d’adoption plénière » , jure un observateur. Quant aux orphelins du chiraquisme, si la dimension sociale leur manque et si la dureté d’un Fillon tranche avec la rondeur radsoc de Chirac, il y a fort à parier qu’ils se rangeront malgré tout derrière un homme qui semble de leur propre aveu être le plus en mesure de faire barrage à Marine Le Pen, sans faire du Marine Le Pen