Du Moyen Age à – qui sait ? – la veste forestière de François Fillon, « Tenue correcte exigée », aux Arts décoratifs, à Paris, expose le vêtement qui fait scandale.
Etiquette, appartenance, séduction, blâme, provocation, sédition, liberté, autant de vocables que l’exposition « Tenue correcte exigée » agite dans un shaker polychrome. Ce n’est pas d’aujourd’hui que le vêtement fait scandale. En divers lieux de la planète, il suffit encore d’un short, d’une minijupe, d’une tête découverte, d’une transparence ou d’un galbe moulé pour que les décrets de l’impudeur frappent une innocente promeneuse. Mais la légende des siècles nous a légué des rutilances, des outrages, des extravagances d’une tout autre ampleur. Sous le commissariat de Denis Bruna, le musée des Arts décoratifs en retrace les éclats, les ambiguïtés et les bonheurs : les symétries tendues de la proscription et de la transgression, le tango mortel auquel l’hypocrisie invite parfois la liberté.
Ces guerres du goût viennent de loin. Dans l’Occident judéo-chrétien, le vêtement se voit très tôt lesté d’un blâme théologique : c’est la conséquence du péché originel. Il doit protéger mais non parer, idéal dont la bure monacale fournit la forme pénitentielle. Tout ce qui est voyant, impudique, dispendieux tend à être banni. Dans une ordonnance de 1294, bien avant les militants de l’association PETA (Pour une éthique dans le traitement des animaux), Philippe le Bel interdit le vair, l’hermine et la martre zibeline. Les poulaines à pointe, les coiffes à cornes du XVe siècle seront vilipendées comme ostentatoires, voire diaboliques. Toute mode frivole et passagère offusque les pérennités saintes, car le Malin se cache dans le pied, la gorge, le corps nu.
Evidemment, le danseur ne tarde pas à répondre au prêtre, jusqu’aux sommets de l’Etat. L’ostentation des cours d’Europe se parfume à l’imperium du vêtement, munificence, éclats de luxe, gentilshommes et même prélats ornés comme des paons : une fièvre du signe dont la faveur contemporaine pour les logos