Le Point

« Sex Doll »

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Virginie a tout ce dont rêve une jeune femme. Beauté, argent, pouvoir sur les hommes. Tout, sauf l’amour. La réalisatri­ce Sylvie Verheyde dépeint avec talent et poésie la vie de cette escortgirl formatée au désir de ses clients par un mentor au féminin (puissante Karole Rocher) jusqu’à ce qu’un jeune homme à la mission étrange (le mannequin anglais Ash Stymest, formidable dans ce premier rôle) vienne perturber cette vie trop bien réglée.

« J’aime la vie et j’aime faire des gâteaux. Est-ce si grave ? » Ce qui, chez d’autres, pourrait aisément passer pour de la coquetteri­e relève chez la Marseillai­se de 29 ans de la profession de foi. Cette obsession du corps, c’est comme un fil rouge dans son cinéma. Pour « La graine et le mulet », le film d’Abdellatif Kechiche qui l’a révélée en 2007 – et lui a valu le césar du meilleur espoir féminin en 2008 –, elle avait pris 15 kilos. Même combat pour « Ma compagne de nuit », en 2011, où elle donnait la réplique à Emmanuelle Béart. Dans le poétique et nocturne « Sex Doll », de Sylvie Verheyde (saluée ici pour ses « Confession­s d’un enfant du siècle », d’après Musset, avec Peter Doherty), il a fallu perdre, et vite. L’actrice y joue le rôle d’une escort-girl française expatriée à Londres. Elle y campe une fausse poupée pour hommes, indépendan­te et pragmatiqu­e, suivie par un mystérieux garçon tatoué aux airs d’ange déchu, qui vient bousculer son quotidien. « Les call-girls que nous avons rencontrée­s pour préparer le film ont répondu à toutes mes questions, y compris les plus techniques et les plus gênantes. Puis, à la fin, elles m’ont dit : “Tu sais, les hommes ne paient

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