Pourquoi les démocraties virent à droite
Brexit, Trump, primaire de la droite… L’éditorialiste montre que les clivages politiques ne reposent plus sur des oppositions économiques, mais sur des enjeux culturels : la famille, la sexualité, les questions d’identité.
«C ’est quand les choses sont arrivées qu’on voit combien elles étaient faciles à prévoir » , écrivait Albert Thibaudet dans « La république des professeurs ». En effet. La séquence historique que nous vivons – depuis le Brexit jusqu’à l’émergence au premier rang du « quatrième homme », François Fillon, lors de la primaire de la droite et du centre, en passant par la victoire de Donald Trump à la présidentielle américaine – était prévisible. Comment expliquer que les présages de ces chambardements politiques soient demeurés invisibles aux observateurs spécialisés ? Que les signaux précurseurs, innombrables, aient échappé à leurs radars ? Cessons d’accabler les sondeurs. Depuis 2008, c’est toute la caste des « sachants » qui est ainsi prise au dépourvu. Journalistes, sociologues, politologues, ils n’avaient rien vu venir. Le tsunami les a surpris et les surprendra encore. La seule boutique où l’on pouvait obtenir des données utiles sur le mouvement des plaques tectoniques sur le point de provoquer un tremblement de terre politique, c’était celle des géographes. En France, nous avons : Laurent Davezies ; il a montré que des territoires entiers avaient été vidés de toute activité économique productive et ne subsistent plus qu’à travers les emplois publics et la redistribution. Jacques Lévy, avec ses « gradients d’urbanité », qui permettent de mesurer le degré d’ouverture d’un espace à la diversité culturelle. Christophe Guilluy, qui a eu