Le progrès sans citoyens ?
La droite ne répond pas aux nouveaux défis que la « civilisation de l’intelligence » pose à la liberté.
La primaire de la droite a-t-elle vraiment eu lieu ? Par-delà l’ampleur de la mobilisation électorale, le souffle pourrait être court… Plus court qu’il y a dix ans ! L’heure était historique : la responsabilité du prochain chef de l’Etat pourrait avoir l’ampleur de celle qui, en 1958, incomba à de Gaulle. Mais le rendez-vous attendu de la droite avec le pays trahit un manque frappant d’idées neuves. Le peuple de droite a choisi son champion et tourné la page Sarkozy. Mais une proposition à la mesure des enjeux fait défaut, comme si les candidats tétanisés par la montée de la défiance et de la colère avaient préféré s’en tenir à des réponses convenues pour une société inquiète.
Plutôt qu’envisager un nouveau modèle économique et social, le redressement que propose la droite en reste au stade élémentaire de la diminution des dépenses publiques. Seul débat : l’amplitude des curseurs dans la combinaison de la baisse du nombre de fonctionnaires, du gel des dépenses publiques et de la diminution des dépenses sociales, ou dans la promesse concomitante des baisses d’impôt pour les ménages et pour les entreprises. Les objectifs budgétaires constituent l’unique horizon. Le chiffre épuise ou masque la vision. Ainsi, dans le domaine fiscal, point de véritable réforme, mais des rééquilibrages laissant entière l’opacité du système. Quant au débat sur le marché du travail qui combine rigidités et relégation, avec une dualisation excessive entre CDI et CDD, il se résume à la question de la facilitation des conditions de rupture. Personne n’a osé discuter la préconisation de Jean Tirole en faveur d’un contrat de travail unique. En somme, la droite paraît avoir renoncé au questionnement de fond sur la justice et l’efficacité de notre régime économique et social…