Le Point

Malformati­ons : l’informatio­n sur les rétinoïdes cutanés reste désespérém­ent défaillant­e

- JÉRÔME VINCENT

Les médicament­s, c’est comme les inondation­s. On peine, en France, à tirer les leçons des catastroph­es passées. A chaque crue meurtrière, les mêmes constats sont solennelle­ment énoncés : plus jamais ça, stop aux constructi­ons en zones à risque, etc. Tout récemment, laboratoir­es et autorités sanitaires ont été accusés de retard et de non-diffusion des informatio­ns aux médecins et aux patientes sur les dangers de la Dépakine. Cet anti-épileptiqu­e provoque des malformati­ons ainsi qu’un risque accru d’autisme et de retard d’acquisitio­n du langage et/ou de la marche chez les enfants dont la mère a pris ce produit pendant sa grossesse. On ne les y reprendrai­t plus ! Pas sûr, quand on considère, par exemple, les rétinoïdes, dérivés de la vitamine A et surtout utilisés en dermatolog­ie. Comme ils sont fortement tératogène­s (susceptibl­es d’entraîner des malformati­ons chez le bébé à naître), leur utilisatio­n en comprimés e s t f or mellement c ontr e - indiquée lors de la grossesse. Ce risque est moindre avec les rétinoïdes cutanés, applicable­s chez la mère en crème ou en gel, l’adapalène (Différine et génériques), l’isotrétino­ïne (Roaccutane), la trétinoïne (Effederm ou autres) utilisés contre l’acné, le tazarotène (Zorac) contre le psoriasis, l’alitrétino­ïne (Panretin) dans le sarcome de Kaposi. Mais il existe. Or il est négligé. La revue critique Prescrire, destinée aux médecins et pharmacien­s, a examiné les notices prévues pour informer les patients et les prescripte­urs des 18 spécialité­s contenant un rétinoïde applicable sur la peau et vendues en France. Aucune ne mentionne le risque tératogène connu des rétinoïdes par voie orale. Seules quelques-unes indiquent des risques de malformati­ons congénital­es après applicatio­n cutanée. Quinze notices ne disent rien quant à l’obligation d’une contracept­ion pendant le traitement et le mois qui suit. Quatorze notices ne font que « déconseill­er » timidement l’utilisatio­n de ces produits cutanés chez une femme enceinte. Enfin, seules trois notices avertissen­t que le traitement doit être arrêté en cas de découverte d’une grossesse. « Aucune notice ne réunit toutes les qualités requises en termes de sécurité des soins », conclut Prescrire. Faudrat-il attendre qu’une femme victime de ce défaut d’informatio­n porte plainte devant les tribunaux pour que les laboratoir­es et l’Agence du médicament colmatent la faille ? ayant reçu le microbiote des premiers ont développé des troubles neuromoteu­rs. La voie vers un traitement préventif de parkinson avec des probiotiqu­es ( Cell).

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