Qu’a vraiment fait Macron à
Entre Daft Punk et allégement de charges, l’emploi du temps d’un jeune conseiller du président.
Ils sont une quarantaine, en cette fin d’après-midi d’été, à se presser sous la verrière du jardin d’Hiver de l’Elysée. Plusieurs ministres, des directeurs de cabinet à foison, une palanquée de très hauts fonctionnaires. Tous réunis, ce 15 juillet 2014, pour le pot de départ d’un simple conseiller. La gorge est d’abord nouée, la voix chevrotante, mais Emmanuel Macron se ressaisit, multiplie les remerciements, cite René Char pour évoquer les liens qui se sont créés ici : « J’ai senti mille fils tendus entre eux et moi qui ne pouvaient pas se rompre. » Puis il se tourne vers François Hollande : « Il reste trente-quatre mois, je crois, Monsieur le président de la République. Je ferai tout autre chose, mais je ne serai pas loin. En tout cas toujours là si vous en avez besoin. Et à la fin de ces trente-quatre mois, il y aura de nouveaux combats. Et je serai là. A coup sûr. » Il n’imaginait pas à quel point. C’était il y a vingt-sept mois, une éternité. Une période paléolithique, où le nom Macron était inconnu du grand public, absent des études d’opinion. Juste le nom d’un secrétaire général adjoint de l’Elysée qui disait au revoir. Pas adieu. Non. Il savait qu’il reviendrait un jour sur le devant de la scène, il pressentait qu’il en avait l’envie au fond de lui. Mais les deux ans et demi qui s’achevaient l’avaient vacciné de la vie politique, pensait-il, pour un long moment.
A quoi pouvait bien s’attendre Macron en franchissant les grilles de l’Elysée à 34 ans ? A ses amis qui l’appellent le soir de la victoire de Hollande, en mai 2012, il répond qu’il n’a même pas eu le temps de regarder la télé, ni de participer aux festivités. Le jeune associé-gérant de la banque Rothschild a d’autres chats à fouetter : finaliser un deal à 12 milliards de dollars pour le compte de Nestlé, annoncé au lendemain du premier tour. Mais personne n’ignore dans le Paris des affaires et de la politique que c’est Macron, introduit en 2010 auprès de Hollande par un certain Jacques Attali, qui a chiffré son programme et animé son groupe de réflexion économique. Et personne n’est surpris – surtout pas l’intéressé – quand François Hollande l’appelle le 10 mai pour lui proposer de le rejoindre à l’Elysée. Seulement, une question brûle les