Serial acquitteur
1961 Naissance à Maubeuge. 1984 Prête serment à Douai. 1993 Défend Jacques Glassmann dans l’affaire VA-OM. 2004 Défend Roselyne Godard dans le procès d’Outreau. 2006 Obtient l’acquittement de Jean Castela, accusé d’avoir commandité l’assassinat du préfet Erignac. 2011 Obtient l’acquittement de Loïc Sécher, accusé de viol. 2012 Défend le handballeur Nikola Karabatic. 2014 Fête son 120e acquittement. 2016 Avocat du footballeur Karim Benzema, du bonnet rouge Jo Baron, de l’opposant congolais Moïse Katumbi et du roi du Maroc Mohammed VI. qu’il fasse son job. Mais, pour l’intégrité, il y a l’administration fiscale… Cette volonté de transparence dans notre société se traduit par du populisme. Bien sûr qu’il faut contrôler les gens qui nous dirigent. Mais il ne faut pas créer des gadgets pour faire illusion. Autre conséquence, c’est la fin du secret professionnel des avocats. Le problème, ce n’est pas l’interception téléphonique, qui a toujours eu lieu, mais la retranscription de la conversation. Les flics n’ont pas à savoir. Moi, je ne suis pas un collaborateur de la police et mon cabinet n’est pas une annexe. Mais si demain vous êtes en fuite et que vous me contactiez, après-demain un juge d’instruction de la nouvelle race peut venir perquisitionner ici. Vous avez la même dérive dans le journalisme. Celui qui s’est plaint pendant vingt ans d’être écouté par François Mitterrand [Edwy Plenel, NDLR] se sert aujourd’hui d’un enregistrement en « loucedé » à la Fédération française de foot. C’est du nouveau journalisme, ça ? Il paraît que Mediapart se fait applaudir dans les écoles de journalisme. Mais qu’est-ce que c’est que ce bordel ? Ces journalistes écrivent au procureur pour demander des poursuites contre Cahuzac. On est en pleine dérive. Et puis il y a aussi la bataclanisation des esprits…
C’est quoi, la « bataclanisation » des esprits ?
Le 14 juillet, je dîne avec Alain Ducasse derrière la Prom’, à Nice. On voit la foule affolée. On est exfiltrés vers minuit et on traverse la place Masséna comme ça [il mime les mains en l’air] pour ne pas être confondus avec d’éventuels snipers. Je ne pensais jamais vivre ça de ma vie. Le lendemain, je retourne dans ce restaurant. Là, il y a une dame d’un conseil municipal bien à droite. Elle me dit : « Ils devraient quand même s’excuser. » Je lui demande : « Qui, madame ? » « Ben, les musulmans. » Je lui explique qu’il y a une bonne trentaine de musulmans tués qui venaient fêter leur pays, la France. Et j’ajoute : « Pardonnez-moi, mais vous êtes de quelle confession ? » Elle me dit qu’elle est catholique. Là, je lui lance : « Quand un curé enfile un gamin de 6 ans, vous présentez des excuses, vous ? » Voilà ce que c’est que la bataclanisation de nos esprits.
C’est parfois dur de ne pas céder aux mauvaises pensées…
Bien sûr qu’on y pense ! L’actualité développe ce genre de réflexes. Mais dans une grande démocratie, plutôt que de mettre de l’huile sur le feu avec des gauloiseries, on peut essayer d’expliquer. Il s’avère que notre pays est fait aussi de ceux qu’on est allés coloniser ou dont on a eu besoin pour ramasser nos poubelles. C’est un fait. Ma mère italienne fait partie de ces gens. Moi, je ne me sens pas gaulois, mais j’aime passionnément la France. Mais on veut nous imposer une francisation à tout crin. C’est une catastrophe, car on ne peut pas être dans l’instantanéité. Il y a cette sublime formule de Hannah Arendt qui dit… attendez… [il regarde sur son portable]… c’est ça, les faux intellos [rires]. Voilà, c’est ça : « Penser l’événement pour ne pas succomber à l’actualité. » Vous allez me dire que ce sont des discours de bobo droits-de-l’hommiste du Café de Flore. J’assume tout : bobo, droits-de-l’hommiste et…