L’Opep en cinq dates
1960 Création à Bagdad par cinq pays (Arabie saoudite, Iran, Irak, Koweït, Venezuela) pour contrer la puissance des compagnies pétrolières occidentales. 1973 L’Opep décide un embargo pour punir les soutiens d’Israël lors de la guerre du Kippour. Les prix flambent. 1979 L’arrivée de Khomeyni au pouvoir en Iran provoque une césure au sein de l’Opep entre chiites et sunnites. 1990 Après l’invasion du Koweït par l’Irak, l’Arabie saoudite affirme son leadership sur l’Opep. 2006 Premières exploitations de puits de pétrole de schiste aux Etats-Unis. Les décisions de l’Opep ont moins d’impact sur les cours. Tous les matins, à 7 heures, l’ex-ministre saoudien du Pétrole sortait du Grand Hôtel en survêtement pour un footing autour du Ring, soit environ 5 kilomètres. A toutes petites foulées, Ali al-Naimi livrait s e s i nformations, r e c ueil l i e s comme des pépites d’or. Une dizaine de privilégiés obtenaient chaque année le droit de l’accompagner. Le reporter devait avoir du souffle et de la mémoire, puisque carnets, stylos et enregistreurs étaient prohibés. Certains avaient même le droit de venir quelques minutes dans sa suite, le Graal.
Cette année, son successeur, Khaled al-Faleh, a attendu le mercredi matin, jour du sommet, pour livrer sa première déclaration. Descendant en djellaba et keffieh de sa Mercedes noire devant le siège de l’Opep, l’homme lâche aux micros : « I hope there will be a deal » (« J’espère que nous parviendrons à un accord »). Sur les marchés, cela suffit à faire monter le cours du brut en flèche. La journée s’annonce bien. A coup sûr, les 14 ministres ont trouvé un terrain d’entente. D’ailleurs, leur réunion ne s’éternise pas. Enfermés à 10 h 30, ils en ressortent vers 18 heures, pause déjeuner comprise – un buffet servi juste devant la salle de conférences. Les mémorialistes des sommets se souviennent de réunions interminables, jusqu’à une vingtaine de jours dans les années 1980 ! Riyad a finalement laissé l’Iran échapper au système des quotas, qui ne sont d’ailleurs jamais respectés, mais l’Arabie saoudite ne portera pas seule le fardeau de la réduction. En dehors de l’Iran, de la Libye et du Nigeria, chaque membre devra resserrer les vannes. L’Opep retrouve son lustre : la promesse d’Alger est tenue et le cartel démontre qu’il peut encore s’entendre pour agir sur les cours.
La nuit est tombée sur Vienne, Khaled al-Faleh repart dans sa limousine noi r e , e s c or t é e par quelques voitures siglées Polizei, sirènes allumées. Il esquisse un léger sourire. Il sait sans doute que, depuis le « gang bang » , le baril de brut a gagné plus de 4 dollars