Des entrepreneurs ont créé un mouvement qui veut mettre plus en avant les femmes.
Le 27 octobre 2015, le sang de Natacha Quester-Séméon n’a fait qu’un tour. A la vue de la composition des tables rondes qui se tenaient, ce jour-là, à l’Elysée dans le cadre d’une conférence consacrée au numérique, elle a immédiatement posté un tweet moqueur : « Les femmes du numérique oubliées ? Bon, et sinon, ça va, les mecs ? »
Ce message a eu l’effet d’un électrochoc. En tombant dessus, Guy Mamou-Mani, coprésident du Groupe Open, a alors pris un engagement : celui de refuser toute participation à une conférence qui ne compterait pas de femmes. C’est de cette promesse initiale, partagée le 20 janvier avec une vingtaine d’amis réunis chez Gilles Babinet, fondateur de l’agence de conseil Captain Dash, qu’est née l’association Jamais sans elles. Coprésidée par un homme (Guy Mamou-Mani) et une femme (Tatiana Salomon), elle vise un objectif simple : multiplier les initiatives concrètes pour que les femmes soient davantage présentes dans les sphères de décision. « Notre mouvement n’est pas une simple pétition. Il représente un engagement. Celui de lutter contre le sexisme insidieux de notre société » , insiste Guy Mamou-Mani. « Il ne s’agit ni d’imposer ni d’opposer, mais de collaborer entre hommes et femmes et d’oeuvrer ensemble » , enchérit Tatiana Salomon.
Les politiques aussi. La petite équipe de départ (dont faisait partie le fondateur de La Netscouade, Benoît Thieulin, le directeur général de l’Essec, Jean-Michel Blanquer, et l’astrophysicien Etienne Parizot) s’est étoffée. Jacques Attali, Nicole Bacharan, Laurence Parisot, vice-présidente de l’Ifop, JacquesAntoine Granjon, fondateur de vente-privee.com, Stéphane Richard, PDG du groupe Orange, et Damien Viel, directeur général de Twitter France, ont ainsi rejoint le mouvement.
Les politiques ont pris le train en marche. Outre Yves Jégo, député maire de Montereau-Fault-Yonne (Seine-et-Marne), Alain Houpert, sénateur de la Côte-d’Or, Jean Rottner et Philippe Saurel, respectivement maires de Mulhouse et Montpellier, mais aussi Axelle Lemaire, secrétaire d’Etat chargée du Numérique… et quatre candidats (ou ex-candidats) à la présidence de la République ont signé l’appel : Alain Juppé, Nathalie Kosciusko-Morizet, Alexandre Jardin et Emmanuel Macron.
Aujourd’hui, l’association compte plus de 120 membres, essaime en régions (à Bordeaux, Mulhouse, Nancy, Nantes, Lyon, Aix-en-Provence, ainsi qu’à Montpellier et à Toulouse) et s’exporte même à l’étranger. « Au Danemark, une dizaine de députés nous ont rejoints » , se réjouit Natacha Quester-Séméon. « Des élus de tous bords » , précise-t-elle, soucieuse d’éviter toute « récupération » politique