Villeneuve en pole position à Hollywood
La cote du réalisateur de « Sicario » n’en finit plus de grimper… Il vient d’achever la suite de « Blade Runner » et sort « Premier contact », son premier film de science-fiction.
Denis Villeneuve a la mine défaite et un gros pansement à l’index droit. La veille, pour célébrer le dernier jour de tournage de « Blade Runner 2049 » à Budapest, il a (mal) sabré le champagne avec l’équipe et s’est entaillé la main. Avant de repartir dès le lendemain pour dix mois de travail acharné sur la postproduction de cette suite à 200 millions de dollars du chef-d’oeuvre de Ridley Scott, Villeneuve se plie à une journée de service après-vente pour « Premier contact », qu’il a bouclé juste avant. Son épuisement est palpable : « D’habitude, quand je termine un tournage, j’ai toujours besoin d’une pause où je vais mourir quelque part en silence après avoir vécu sur l’adrénaline pendant des mois. Là, j’ai mal partout. » « Blade Runner 2049 » risque de mener Villeneuve Comment innover sur le thème de la rencontre avec des extraterrestres après les chefs-d’oeuvre de Kubrick et Spielberg ? C’est le pari que relève «Premier contact», envoûtante odyssée oscillant entre le thriller apocalyptique et le suspense linguistique, avant de basculer vers… autre chose. Une fable visuellement éblouissante où Villeneuve mêle habilement le grand spectacle à l’intime : hollywoodien, forcément hollywoodien. tout droit au burn-out, mais c’est le prix de son rêve de geek : il vénère le premier film et ce sont ses amis producteurs de « Prisoners », par ailleurs détenteurs des droits de la suite, qui lui ont offert le projet sur un plateau il y a deux ans. « Premier contact » fut à ce titre une sorte de répétition…
Adapté d’une nouvelle multiprimée de Ted Chiang (« L’histoire de ta vie », publiée en France dans le recueil « La tour de Babylone », Denoël), il s’agit du premier film de science-fiction de Villeneuve, tout juste auréolé du succès de « Sicario ». Rendez-vous de l’espèce humaine avec une intelligence extraterrestre, ce récit n’en reste pas moins connecté à une myriade de thèmes intimes pour le cinéaste canadien. D’abord, cette évidence qui le fait réagir au quart de tour : « Forcément, quand un film parle de scientifiques développant un langage pour communiquer avec une civilisation extraterrestre, on pense à “Rencontres du troisième type”. Spielberg a traité le sujet de manière magistrale et ce fut un gros défi de s’en écarter. Parce qu’il faut connaître ses ennemis [rires], je l’ai revu avec un immense plaisir et aussi une immense frayeur : comment se sentir libre quand un tel géant est passé avant ? » La filiation avec « Rencontres… » a d’autant plus de sens qu’au lycée les amis de Denis le surnommaient Spielberg, en raison de sa passion pour ce classique, qu’il rêvait de refaire dans sa cave. Avec « 2001 : l’odyssée