Des héros (pas du tout) ordinaires
Témoignages. Avec le temps, la parole des soldats de la Seconde Guerre mondiale va s’éteindre. Jusque-là, elle n’a pas été rare, mais les 13 témoignages américains, canadiens, français recueillis par Maurin Picard se détachent du lot par le sens du récit dont fait preuve le correspondant du Figaro aux Etats-Unis, qui a soutiré quelques confidences peu banales à ces nonagénaires. Voici deux brefs aperçus :
Arthur Pollock, manutentionnaire, raconte comment, en mai 1945, en plein Tyrol autrichien, avec une petite colonne américaine, il a sauvé Reynaud, Lebrun, Daladier, Weygand, Gamelin, Borotra, la soeur du général de Gaulle, assaillis par 150 SS de la 17e division Götz von Berlichingen qui, après avoir massacré le village de Maillé, étaient bien décidés à les liquider. Daladier charge les munitions, Borotra sprinte sous les balles pour aller chercher du renfort, la soeur de Gaulle est une mère poule. Surréaliste et méconnu !
Lapremièrebombeatomique sur Hiroshima comme si vous y étiez. Dutch Van Kirk était aux premières loges puisqu’il n’était autre que le navigateur de l’avion « Enola Gay ». Les exercices préparatoires, le chat et la souris avec les physiciens, la peur de ne pas revenir si l’avion, pour échapper au souffle de l’explosion, ne virait pas à 160 degrés à droite en montant à 9 000 mètres, la cigarette fumée après avoir vu le champignon… Etonnant ! « Des héros ordinaires », de Maurin Picard (Perrin, 350 p., 21,90 €)