« Les sorcières de la nuit »
Essai. Nos grandspères n’avaient pas tout à fait tort quand ils disaient : « Ce qu’il nous faudrait, c’est une bonne guerre. » La guerre n’est jamais bonne, mais elle a permis à Genia, Valia, Katia et Lilia de rejoindre en 1941 les régiments de la célèbre aviatrice Maria Raskova dans la garnison Engels, au sud de Moscou. L’héroïne en Kevlar (elle a survécu à une attaque d’ours et à dix jours sans nourriture dans la taïga) invite sans distinction paysanne, institutrice ou future astronaute à gagner les airs, qui par patriotisme, qui pour assouvir ses rêves de ciel. L’uniforme luisant d’apprêt et la fierté de longue tresse rabotée par le figaro de la garnison – mais, comme le dit l’adage aimé de Staline, « Quand on a perdu la tête, on ne pleure pas ses cheveux » –, ainsi naissent les 586e, 587e, 588e régiments, exclusivement féminins. Et un formidable essai qui se dévore comme une épopée à chevaucher les airs, filant cette poignée d’irréductibles aviatrices soviétiques à bord de bombardiers. Des amazones dites « Sorcières de la nuit » qui faisaient trembler les as de la Luftwaffe c o mme l e s p h a l l o c r a t e s rouges… Faire la guerre n’est peut-être pas plus enviable que des travaux d’aiguille, diront certains ; mais cela porte un nom : la liberté
« Les combattantes », de Luba Vinogradova, traduit du russe par Polina Petrouchina, Larissa et Darya Clarinard (Ed. Héloïse d’Ormesson, 496 p., 25 €).